El
billet
don dîmatche (à lîre su Facebook (https://www.facebook.com/Fregaume) tous les dîmatches au matin) ![]() |
El 30 djulèt 2023. — Bondjou, mère Grougn’rese. — Ah, v’là note Jules! Qué
nouvelle? — Gn’è rin d’nu, Germaine, èt ça va
bin. — On n’ v’è wâ vû d’vant l’huche
èç’ sèmîne-ci... — Bin, vès n’rèwâtez m’ el tou
d’France? — Bin tâjez-v’, là, il est fât
dèdpûs longtaps! — El çou des hoummmes, mâs à
ç’t’heûre, c’est les feummes! — Èt vès rwâtez ça? — Bin,
elles lè méritant bin, bin
sûr! Et i gn’a-n è deux-troîs qui
s’avant ramujlé, mîme eune qu’è
passé d’zous
les rails dè protection su l’boûrd dè la
route! — Cè n’est m’ in sport pou les
feummes. — Ah bon? Èt pouquoi, s’i vous
plaît? — Elles nè sant m’ fâtes pou ça,
c’est tout! — Bin à v’là co d’eune. Et pûs djè
rwâte la coupe don monde dè fotballe. — V’ez djà r’vadu la mîtan des
meubes cè n’est m’possibe! — Vadu les meubes? — Oyi, das vote tîte. Vès n’ez pus
toutes vos frites das l’mîme cornet, quoi! — Oho. C’est la coupe don monde
fèminine, Germaine. — Des èquipes dè feummes? — Èt qu’îm’raint sûr bin qu’les
feummes don monde les rwâtinchent. — Cè n’est m’ âque pou les feummes,
dè couri drî in ballon. — Bin merte, alors. Mi qui
m’dèmandous pouquoi qu’on n’voit pont d’feummes das les Formules Inque ou das
les grands prix d’motos... — Ça s’rout l’bouquet! Elles avant
in cerveau, les feummes, mi des boûches plî la tîte coumme les hoummes! — Bin ç’côp-ci, vès
m’èpastroûyez... A quoi ç’qu’elles sant bounnes, alors, les feummes? — Mi à tout ça, pour sûr! — Vès m’rapp’lez l’prof dè
clârinette au conservâtoire dè Luxembourg fin des annâyes soixante. Djè l’oûye
co claper l’huche su la fèye qui passout avant mi a bacâyant : «Ah, les
feummes, qu’elles rètoûninchent à zous cass’roles! — Ç’atout in maû èduqué. Elle sant
bin aussi capâbes dè fâre dè la musique què les mâles! — Mâs
elles nè doûraint m’ djouer
au tennis, fâre tout ç’què la Naffisatou
fât aveu in fâmeux succès, mi d’vèlo,
mi d’ballons, èt pûs co quoi? — Djè n’â m’ ètu alvée ainla. — Vès
savez, Germaine, anû, les
feummes vèlant ête pa d’t’avau où
ç’auè les hoummes atant. Elle n’avant
m’ tout
d’mîme toûrt... — Djè r’venrans voir das n’centîne
d’annâyes, on voirè bin. — L’ègâlité n’est m’ pour sûr pou
d’mî, mâs i faut bin coummaci, vès n’croyez m’? — Coummaçans toudjous l’apèro, ça nous
èvit’rait d’la margaille èt les côps d’paraplaûve! — Vès voyez, vès djouez djà au
chef, v’atez tout d’mîme su la bounne voûye! Aïe! Aaaaaïe, aaïe, mauvaise bîte
què v’atez. Aaaaaaaah! — Wârdez vote apèro. Èt trapez-y
vos affaîres, ça v’rafraîchirè l’cerveau! | Le 30 juillet 2023. — Bonjour, mère Grougn’rese. — Ah, voilà notre Jules! Quelle
nouvelle? — Rien de neuf, Germaine, et ça va
bien. — On ne vous a guère vu dehors
cette semaine... — Ben, vous ne regardez pas le tour
de France? — Ben taisez-vous, là, il est finit
depuis longtemps! — Celui des hommmes, mais
maintenant, c’est les femmes! — Et vous regardez ça? — Ben, elles le méritent bien, bien
sûr! Et il y en a quelques-une qui ont chuté, même une qui a passé sous les
rails de protection le long de la route! — Ce n’est pas un sport pour les
femmes. — Ah bon? Et pourquoi, s’il vous
plaît? — Elles ne sont pas faites pour ça,
c’est tout! — Ben en voilà encore une. Et puis
je regarde la coupe du monde de football. — Vous avez déjà revendu la moitié
des meubles ce n’est pas possible! — Vendu les meubles? — Oui, de votre tête. Vous n’avez
plus toutes vos frites dans le même cornet, quoi! — Oho. C’est la coupe du monde
féminine, Germaine. — Des équipes de femmes? — Et qui aimeraient sans doute que
les femmes du monde les regardent. — Ce n’est pas une affaire pour les
femmes, de courir derrière un ballon. — Ben merde, alors. Moi qui me
demandais pourquoi on ne voit pas de femmes dans les Formules 1 ou dans les
grands prix motos... — Ce serait le bouquet! Elles ont
un cerveau, les femmes, pas des bourses plein la tête comme les hommes! — Ben cette fois, vous m’en bouchez
un coin... À quoi sont-elle bonnes, alors, les femmes? — Pas à tout ça, pour sûr! — Vous me rappelez le prof de
clarinette au conservatoire de Luxembourg fin des années soixante. Je l’entends
encore claquer la porte sur la fille qui passait avant moi en criant : «Ah, les
femmes, qu’elles retournent à leurs casseroles! — C’était un mal élevé. Elle sont
bien aussi capables dr faire dr la musique qur les hommes! — Mais elles ne devraient pas jouer
au tennis, faire tout ce que Naffisatou fait avec un fameux succès, pas de
vélo, pas de ballons, et puis quoi encore? — Je n’ai pas été élevée comme ça. — Vous savez, Germaine, maintenant,
les femmes veulent être partout où les hommes sont. Elle n’ont tout de même pas
tort... — Nous reviendrons voir dans une
centaine d’années, on verra bien. — L’égalité n’est sans doute pas
pour demain, mais il faut bien commencer, vous ne croyez pas? — Commençons toujours l’apéro, ça
nous évitera de la margaille et les coups de parapluie! — Vous voyez, vous jouez déjà au
chef, vous êtes tout de même sur la bonne voie! Aïe! Aaaaaïe, ââïe, mauvaise
bête que vous êtes. Aaaaaaaah! — Gardez vote apéro. Et trempez-y
vos affaires, ça vous rafraîchira le cerveau! |
El 23 djulèt 2023. — Mère Grougn’resse, su quoi ç’què
dj’allans rûter anû? — Bin, Père Tampir, i gn’è assez
d’râjons, noume? — V’ez vû qu’Ârlon va n-aller conte
Vivalia pou Houd’mont, direc au Conseil d’Ètat? — Des minâbes, aveu in esprit
d’pètit cloch’ton lamentâbe. Quand on è froumé la «Clinique d’en haut» à Sî-Mâd, i s’avant frotté les pattes a rawardant d’ramassi les miettes.
Pûs quand on è froumé Edmond Jacques, i-s avant rigolé plî zoû panse èt i-s
avant co ramassi tout ç’qu’i p’lint. Des moins’ què rin! — Ça
fât longtaps qu’on arout dû
fâre âque coumme el grand hôpital qu’on veut
fâre à ç’ t’heure. Mâs
l’nord dè
la province rèwâtout toudjous don coté
d’Lîdge ou d’Mont-Godinne, èt
l’sûd don
coté d’Luxembourg ou d’la France... — Pour
mi, i plant bin soûrti
d’Vîvalia èt n-aller où
ç’qu’i v’lant. Quand i-s arant fât, i
gn’arè pus d’docteûrs
dans nos hôpitaux. Vès savez, à Librâmont, i
resse deux ORL. I-s assurant les
gârdes à zoûx deux. Mâs i gn’a-n
è inque qui prenrè bintot sa pension... et i
gn’è pachoûne qui s’annonce pou
l’remplaci! — Bah,
si les Ârlonais grougnant a
s’dègalant la boud’lette, i gn’è tout
plî d’autes dgens das la province qui
bâyant bin foût qu’i sant binâjes dè
voir ène grosse clinique ès’ mette au
service dè la populâtion. Èt dj’espère
bin què ç’ n’est m’ ène pougnie
d’mîtan
clowns qui va apîtchi ça! — I dijant qu’ ç’arout atu mieux
aute pârt... — El
mieux, ç’arout atu don coté
d’Librâmont, en plein mîtan d’la province.
Mâs cè n’est m’ âji d’trouver
l’bon
terrain. Èt pûs i gn’arè toudjous in
trô d’balle pou trouver què c’n’est
m’ la
bounne place... — Èt la fîte nationâle, v’y ez atu? — Non.nèt, Jules, dj’a tout djusse
rèwâti in paû les cottes èt les costumes à la tèlè. — Mi, djè n’â m’ eû l’taps non pus.
Dj’a travailli toute la djournâye pou les èditions don Frego. I gn’è co des
mîtches à mette, mâs i doûrout s’rèmette à djou pou wâyin... — Bin! Vès n’nodez rin? — Ma foi, non.nèt... — I m’arrive coumme in fumet
d’ricard, tout d’in côp... — Allèz, nez-a. Dj’â d’ l’âwe èt
des glaçons. — Huh! Ça n’sarout s’mèlandgi à in odeûr! — Èn’ vès tracassez m’, vès savez
bin d’où ç’qu’elle est la boutèle! | Le 23 juillet 2023. — Mère Grougn’resse, sur quoi
allons-nous râler aujourd’hui? — Ben, Père Tampir, il y a assez de
raisons, non? — Vous avez vu qu’Arlon va aller
contre Vivalia pour Houdemont, directement au Conseil d’État? — Des minables, avec un esprit de
petit clocheton lamentable. Quand on a fermé la «Clinique d’en haut» à Saint-Mard, ils se sont frotté les mains en attendant de ramasser les
miettes. Puis quand on a fermé Edmond Jacques, ils ont rigolé plein leur ventre
et ils ont encore ramassé tout ce qu’ils pouvaient. Des moins que rien! — Ça fait longtemps qu’on aurait dû
faire quelque chose comme ce grand hôpital en projet aujourd’hui. Mais le nord
de la province regardait toujours du côté de Liège ou de Mont-Godinne, et le
sud vers Luxembourg ou la France... — Pour moi, ils peuvent bien sortir
de Vivalia et aller où ils veulent. Quand ils auront fini, il n’y aura plus de
médecins dans nos hôpitaux. Vous savez, à Libramont, il reste deux ORL. Ils
assurant les gardes à deux en alternance. Mais l’un des deux prendra bientôt sa
pension... et il n’y a personne qui s’annonce pour le remplacer! — Bah, si les Arlonais grognent en
nombrilistes, il y a beaucoup d’autres gens dans la province qui crient bien
fort leur satisfaction de voir un grand hôpital se mettre au service de la
population. Et j’espère bien que ce n’est pas une poignée de demi-clowns qui
empêchera ça! — Ils disent que cela aurait été
mieux ailleurs... — Le mieux aurait été du côté de
Libramont, en plein centre de la province. Mais il n’est pas aisé de trouver le
bon terrain. Et puis il y aura toujours un trou de balle pour trouver que ce
n’est pas le bon endroit... — Et la fête nationale, vous y avez
été? — Non, Jules, j’ai juste regardé un
peu les robes et les costumes à la télé. — Moi, je n’ai pas eu le temps non
plus. J’ai travaillé toute la journée pour les éditions du Frego. Il y a encore
des manches à mettre, mais il devrait se remettre à jour pour l’automne... — Parfait! Vous ne sentez rien? — Ma foi, non... — Il m’arrive comme un fumet de
ricard, tout d’un coup... — Allez, venez. J’ai de l’eau et
des glaçons. — Huh! Ça ne saurait se mélanger à une odeur! — Ne vous tracassez pas, vous savez
bien où la bouteille se trouve! |
El 16 djulèt 2023. — Ouh là là... Mère Grougn’resse,
vès v’là das in bî ètat! Nez-a vit’mat... — Ooooh, ç’què dj’â maû — Qu’est-ce què v’ez fât? — Vès n’ez m’ dujette dè l’savoir! — Si dj’comprends bin, c’est co
âque qui fârout rire mîme in tch’vau d’bos! — Sûr què si on avout filmé ça, ça
poûrrout passer das les vidèos les pus ridicules! — N’boudgez m’, là... Djè vas
nettir l’arcade, i gn’è tout plî d’crasses das l'chârd... Coumme
djè peux voir, v’ez tchû, mâs ça
n’sarout ête à pîd, paç'que les
grattes sant ètadûtes, ou alors, v’atins en train
d’couri coumme ène gazelle! — Ç'què dj’â maû... — Djè
vas v’dèsinfecter l’bras, à
ç’t’heûre. El coude est bin douvî.
Djè m’dèmande si i n’faurout m’ aller
fâre
rècouse ça à la clinique... — Aïe!... Non.nèt, dijez, ça s’rèfârè bin tout seûl. Ouïe! — El muté est foût rapé ètou. Va
falloir què djè r’lèviche in pau vote cote... — Djè sûs bin trop maû pou
m’dègrougni, Jules. Fayez ç’qu’i faut. — Là, vès v’là bin rafistolâye...
V’ez quâsi l’air d’ène momie! Vès v’lez in p’tit cognac ou n’mirâbelle pou v’èmonter? — In cognac, Jules, si v’vèlez bin.
Aveu in cafè bin noir. — I va falloir boudgi, pou n’mi
lâyi tafât s’raidi. Mâs tout doûç’mat, noume. — À ç’ t’heûre, ça va. Mâs gare t’à
l’heûre èt co pîre dèmî... — Allèz, dijez m’ tout d’mîme èç’
què v’ez fât pou ête arrandgi ainla. — Mi à ç’ t’heûre, va, Jules. Dj’a
trop maû... — Ça n’v’empéche mi d’causer, tout
d’mîme! — Non.nèt,
Jules, mâs quand
dj’imagine elfou-rire qui va v’onter à la camisole,
djè sate què djè n’sarâ
m’rèt’nu èt què mi ètou
dj’vas m’hossi la boud’lette coumme ça
n’m’arrive mi
souvat. Et dj’arâ co pus maû! — Dj’essay’râ dè n’mi rigoler... — Ça s’rè co pîre, dj’arâ co pus el
fou-rire! — Maria déi Jésus Marie Joseph,
fayez qu’elle tèniche bon a racontant s-n avanie... — Dj’â guîgni in vèlo èlectrique à
n’tombola. — Bin, c’est bin, ça! V’ez eû d’la tchance! — Oyi, p’t-ête... — Èt v’ez monté d’sus! — Coummat ç’què v’ez daviné? — A v’rèwâtant das l’œil qui resse
douvî... — Maûvaîs, qu’ v’atez!
Et v’là qu’ dj’â prins d’la
vitesse... Et qu’dj’â frîné trop sec,
èt
qu’dj’arrivous, què djè n’l’avous
m’ vû, conte le boûrd don trottoir èt... — V’ez du fâre in sacré vol
plâné... — Èt djè sûs probâbe pus pèsante
què djè n’croyous paç'què dj’a atterri tout d’chûte. — C’est
ç’ qu’on hutche ès’
ramuj’ler... L’hstoire nè m'fât m’ co
trop rire, Germaine. Mâs quand v’allez
v’rèwâti das la glace, dj’allans pèter
d’rire èt on arè don maû dè
s’ravoir. — Vès m’fayez peûr... — Qu’est-ce què v’ez fât don vèlo? — El
gamin d’la grande Florence è
passé djusse après. Djè l’a r’counneu
à la voix, paç'què djè
m’toûnous bin sûr,
quand i m’è dit bondjou. Sas
m’rètoûner, djè lî a bailli
l’vèlo èt i-l atout
tout heûreûx. — Bon, alors djè peux randgi les
sparadraps èt les dèsinfectants. — Rin qu’pou ç’dijâye-là, Jules,
djè v'foutte in côp d’paraplaûve su la margoulette, mâs, «virtuel», coumme i dijant anû... — Bon, «Aïe» tout d’mîme, pou v’fâre plâji... — Aaaah... nè m’fayez m’rire, don,
ça m’fât si maû... |
Le 16 juillet 2023. — Ouh là là... Mère Grougn’resse,
vous voilà dans un bel état! Venez vite... — Ooooh, que j’ai mal. — Qu’est-ce que vous avez fait? — Vous n’avez pas besoin de le
savoir! — Si je comprends bien, c’est
encore quelque chose qui ferait rire même un cheval de bois! — Sûr que si on avait filmé ça, ça
pourrait passer dans les vidéos les plus ridicules! — Ne bougez pas, là... Je vais
nettoyer l’arcade, il y a plein de crasses dans la plaie... Comme je peux voir, vous êtes tombée, mais ça ne saurait être en marchant,
parce que les griffues sont allongés, ou alors, vous courriez comme une gazelle! — Comme j'ai mal... — Je vais vous désinfecter le bras,
maintenant. Le coude est bien ouvert. Je me demande s'il ne faudra pas aller
faire recoudre ça à la clinique... — Aïe!... Non allez, ça se refera bien tout seul. Ouïe! — Le genou est fort griffé aussi.
Va falloir que je remonte un peu votre robe... — Je suis bien trop mal pour
rouspéter, Jules. Faites ce qu’il faut. — Là, vous voilà bien rafistolée...
Vous ressemblez presque à une momie! Vous voulez un petit cognac ou n’mirabelle pour vous remonter? — Un cognac, Jules, si vous voulez
bien. Avec un café bien noir. — Il va falloir bouger, pour ne mi
laisser tout s’ankyloser. Mais tout doucement, hein. — Maintenant, ça va. Mais gare tout
à l’heure et pire encore demain... — Allez, dites-moi tout de même ce
que vous avez fait pour être arrangée comme cela. — Pas à maintenant, va, Jules. J'ai
trop mal... — Ça ne vous empêche pas de parler, quand même! — Non, Jules, mais quand j’imagine
le fou-rire qui va vous prendre, je sens que je ne pourrai pas me retenir et
que moi aussi je vais m’éclater comme ça ne m’arrive pas souvent. Et j’aurai encore
plus mal! — J’essaierai de ne pas rigoler... — Ce sera encore pire, j’aurai
encore plus le fou-rire! — Maria déi Jésus Marie Joseph,
faites qu’elle tienne bon en racontant son aventure... — J'ai gagné un vélo électrique à
une tombola. — Ben, c’est bien, ça! Vous avez eu de la chance! — Oui, peut-être... — Et vous êtes montée dessus! — Comment vous avez deviné? — En vous regardant dans l’œil qui
reste ouvert... — Méchant, que vous êtes! Et voilà que j’ai pris d’la vitesse... Et que j’ai freiné trop sec, et
que j’arrivais, sans l’avoir vu, contre le bord du trottoir et... — Vous avez d faire un sacré vol
plané... — Et je suis sans doute plus lourde
que je ne croyais parce que j’ai atterri tout de suite. — C’est ce qui s'appelle se
pelleter... L’histoire ne me fait pas trop rire, Germaine. Mais quand vous
allez vous voir dans le miroir, nous allons péter de rire et on aura du mal de
se ravoir. — Vous m'effrayez... — Qu’est-ce que vous avez fait du
vélo? — Le gamin de la grande Florence
est passé juste après. Je l’ai reconnu à sa voix, parce que je me tournais bien
sûr, quand il m’a dit bonjour. Sans me retourner, je lui ai donné le vélo et il
était tout heureux. — Bon, alors je peux ranger les
sparadraps et les désinfectants. — Rien que pour cette remarque,
Jules, je vous fiche un coup de parapluie sur la margoulette, mais, «virtuel», comme ils disent aujourd'hui... — Bon, «Aïe» tout de même, pour vous faire plaisir... — Aaaah... ne me faites pas rire,
donc, ça me fait si mal... |
El 9 djulèt 2023. — Ohô,
mère Grougn’resse, djè vois
qu’v’ez prins vote paraplaûve. Dj’â co
intèrêt à m’bailli d’awârde si
dj’â in
mot d’travîs à dère... — Tâjez-v’, allez, Tampir. V’ez vû
qué taps qu’i fât? V’ez vû la noireur qui s’amoûne?A m’n-avis, i-l a ratchaûffe ène bounne! — Bin
oyi, Germaine... Mâs vès
v’rapp’lez bin l’dârin côp qu’on
è eû des oradges, si v’avins v’lu
v’accrotchi
à vote pèpin, vès s’rins co en train voler
au-d’zeûr dè la Forêt Noire ou don
fleûve Congo! — Oh, ç’atout âque, noume!
Pourtant, djè l’îmous bin, ç’atout in bî blu fonci coumme on n’a voit m’
souvat. Aveu des imâdges dè louâdes coumme si on y atout! — El pîre, c’est què v’n’ez djamâs
eû la pette dè ces chahuts-là. — Wâye pouquoi ç’qu’on arout la
trouîlle, don?
A part èv’ rôter vote paraplaûve, èt
v’dètraper la carcasse aveu d’l’âwe
prope... — Et pûs, on n’est m’ co sûr qu’i
va plûre. Et pourtant, dj’avous in cadeau pour vous, Germaine. Wâtez, l’bî nû
pèpin què v’là... — Ah
bin ça, Jules, ç’a-n est in
bî, là, aveu l’sèlo d’la Gaûme.
Vès l’ez atu quîre à la ruâye des
Grâsses Oûyes? — Tout djusse. — Qu’est-ce què v’ez fât èchoi, què
djè n’v’â m’ vû su l’huche quand dj’â passé? — Vès savez tout d’mîme bin què
l’sam’di, c’est les apèroskiosques à Sî-Mâd, non? I les annonçant à 19 heures, mâs èchoi, il atout tout près d’8 heures
quand i-s avant coummaci. — Èt ç’atout bin? — Co plâjant. La s’mîne passâye,
i-s atint à deux su l’kiosque. Èchoi, i gn’a-n avout 4. Djè n’sais si ça va
doubler ainla toutes les s’mînes... — Alors, ça tchantout ètou... — Oyi, des belles voix, aveu ça. La
p’tite feumme est bin agrèâbe à oï. — Bon, bin djè m’va m’a r’aller
aveu mes deux pèpins. — Vès v’lez dère què v’ez télmat la
pette dè v’fâre can’ter qu’v’allez hoper l’apèro? — Oh, bin, ma fois, si v’insistez
si foût, djè m’lây’râ co p’t-ête fâre... — Pou l’apèro, ou pou tafât? — .... — Non.nèt, Germaine mi in si bî
pèpin! — V’ez d’la tchance què dj’n’â m’
autant d’nuadge das la tîte qu’i gn’a-n è là-haut! — † Èm’ bî pèpin, ♬ roi des ♪
oradges, coumme dj’îme bin ♬ ta... — Oyi, à la vote! | Le 9 juillet 2023. — Ohô, mère Grougn’resse, je vois
que vous avez pris votre parapluie. J’ai encore intérêt faire gaffe si j’ai un
mot de travers à dire... — Taisez-vous, allez, Tampir. Vous
avez vu le temps qu’il fait? Vous avez vu la noirceur qui arrive? À mon-avis, il s’en prépare une bonne! — Ben oui, Germaine... Mais vous
vous rappelez la dernière fois qu’on a eu des orages, si vous aviez voulu
vous accrocher à votre pépin, vous seriez encore en train survoler la Forêt
Noire ou le fleuve Congo! — Oh, c’était quelque chose, hein!
Pourtant, je l’aimais bien, c’était un beau bleu foncé comme on n’en voit pas
souvent. Aveu des photos d’ éclairs comme si on y était! — Le pire, c’est que vous n’avez
jamais eu peur de ces chahuts-là. — Ben, pourquoi avoir peur, donc? À part vous faucher votre parapluie et vous détremper la carcasse aveu de
l’eau propre... — Et puis, rien ne dit qu’il va
pleuvoir. Et pourtant, j’avais un cadeau pour vous, Germaine. Regardez, le beau
pépin tout neuf que voilà... — Ah ben ça, Jules, c’en est un
beau, là, avec le soleil de Gaume. Vous êtes allé le chercher à la rue des
Grasses Oies? — Tout juste. — Qu’est-ce que vous avez fait
hier, que je ne vous ai pas vu sur la porte quand je sui passée? — Vous savez tout de même bien que
le samedi, c’est les apéroskiosques à Saint-Mard, non? Ils les annonçant à 19 heures, mais hier, il était tout près de 8 heures
quand ils ont commencé. — Et c’était bien? — Assez plaisant. La semaine
dernière, ils étaient deux sur le kiosque. Hier, il y en avait 4. Je ne sais si
ça va doubler toutes les semaines... — Alors, ça chantait aussi... — Oui, des belles voix, en plus. La
petite femme est bien agréable à écouter. — Bon, ben je vais m’en retourner
avec mes deux pépins. — Vous voulez dire que vous avez
une telle peur de vous faire tremper que vous allez zapper l’apéro? — Oh, ben, ma fois, si vous
insistez si fort, je me laisserai peut-être faire... — Pour l’apéro, ou pour tout? — .... — Non, Germaine pas un si beau
pépin! — Vous avez de la chance que je
n’ai pas autant de nuage dans la tête qu’il n’ y en a là-haut! — † Mon beau pépin, ♬ roi des ♪
orages, que j’aime
♬ ta... — Oui, à la vôtre! |
El 2 djulèt 2023. — Salut, Tampir. Djè voûrous bin... — Djè n’â m’ el taps, Germaine;
dj’â d’l’ouvradge! — Bin ç’côp-ci, à v’là co d’eune
aveu les autes, là... Vès n’atez m’ ertraîté? — Ça n’veut m’ dère què dj’n’â pus
rin à fâre, bin sûr! — Co la baraque? — Non.nèt, Germaine, mi la baraque.
La mâjon multiservice à Dgèrouvîe! — I v’avant engadgi pou la nettir? — Oooooh! Qué loûgne, don! Dj’âde el Frego pou la prèsentâtion des lîves, bin sûr!
On lî è d’mandé âque qu'i n’avout
pus, èt djè vas z-a r’f’âre aveu lu! — Vès rigolez, toulà... — Non.nèt,
on va r’mette la machine
en route pou qu’à 15 heûres, el dîmatche 2
d’djulèt d’2023, i gn’aviche à la
Mâjon Multiservices deux-troîs grammaires don Georges
Themelin. — Vès m’a wârdrez eune, djè n’l’â
m’ co! — Vès venrez après-mîdi? — Quoi fâre? — M’âdi à penre les noms d’tous les
çoux qui n’venrant m’... — V’atins d’jà in paû tordu, mâs
ç’côp-ci, v’atez co pire dè d’tchûz co pîre! — Djè v’remercie. Mâs djè vès l’dis
: les çoux qui n’venrant m’ n’ant qu’à bin s’tènu! | Le 2 juillet 2023. — Salut, Tampir. Je voudrais bien... — Je n’ai pas le temps, Germaine,
j’ai du travail! — Ben ce coup-ci, en voilà encore
une avec les autres! Vous n’êtes pas pensionné? — Ça ne veut pas dire que je n’ai
plus rien à faire, bien sûr! — Toujours la baraque? — Non, Germaine, pas la baraque. La
Maison multiservice à Gérouville! — Ils vous ont engagé pour la
nettoyer? — Oooooh! Quelle andouille, donc! J'aide le Frego pour la présentation des livres, bien sûr! On lui a demandé quelque-chose qu'il n’avait plus, et je vais en refaire
avec lui! — Vous plaisantez, là... — Non, on va remettre la machine en
route pour qu’à 15 heures, le dimanche 2 juillet 2023, il y ait, à la Maison
multiservice, quelques grammaires de Georges Themelin. — Vous m’en garderez une, je ne
l’ai pas encore! — Vous viendrez après-midi? — Quoi faire? — M’aider à prendre les noms de
tous ceux qui ne viendront pas... — Vous étiez déjà un peu tordu,
mais là, vous êtes encore pire de chez encore pire! — Je vous remercie. Mais je vous le
dis : ceux qui ne viendront pas n’ont qu’à bien se tenir! |
El 18 dè djuin 2023. — Salut, Tampir. Wâye, èç’ què v’mîdgez toulà? — Bondjou, Germaine. A vote avis? — Ça r’sène à des ch’rijes. Mîme
les p’tites, mâs là, djè n’a sûs m’ sûre. P’t-ête des câssis? — Quand
v’arez dègusté, Germaine,
v’arez in avis avisé, coumme on dèrout bin.
Mâs djè n’â djamâs vû
d’câssis aveu
des nuyaux... — Ça n’sarout ête dè la rècolte dè
ç’t’annâye-ci, en tout cas. On n’a voit quâsi pont su les âbes. — Germaine,
v’atez d’vant âque qu’i
gn’è wâ d’dgens su la tîrre qui
poûrrant s’rapapiner aveu. Ça vint d’deux
bocaux qu’ant atu mins à stèriliser en 1992 et 2000. — Vès v’foutez d’mi, co in côp
d’pus! — Assuez-v’, djè v’a mette in pau
das n’jatte. Des bigârreaux d’2000. Das in djus coumme on n’a trouve pont su
note plânète. — Vès n’m’a mettez wâ, Jules. Èt
vès pernez co les ramâtes pou l’sirop! — Sirop...
sirop... Djè sais bin
ç’què dj’fâs... Djè n’sais
combin d’degrés qu’ça fât, èt
djè n’voûrous m’ què
v’ m’agripinches das cinq minutes pou la carambole don
sièque, i fât trop
tchaud! — Dè quoi, hé, vî vara! Djè sûs n’hounnîte feumme, mi! — Mi ètou, Germaine! — Ah, v’atez n’feumme? On nè l’voit m’ co d’trop! V’ez djà trop tapé su les ch’rîjes, coumme djè vois. — Allèz, c’est bon, djè n’allans m’
nous lâyi n-aller das des bétes tchamaîll’ries, goutez-m’ ça! — Mon djeu, Jules, qué bounheûr...
Dè d’où ç’què ça vint? — Ça soûrte dè la câve dè la Denise
(qu’arè bintot 94 ans), c’est s’n-houmme qu’è prèparé les bocaux ces
annâyes-là... — Vès vadrins ça su l’martchi, v’a
tèrrins des mille èt des cents! — Vade ça? Ça s’vadrout p’t-ête si ç’atout roudge, mâs la couleur est putot brune.
Aveu toutes les vessies qu’on v’fât pendre anû pou des lantînes, pachoûne èn’
voûrout mette in sou là-d’das... Buvez in côp d’djus, Germaine, tout doûç’mat. — Pètardîse, qué bounheûr! El pètit Jèsus en culotte dè v’lour qui dèvale... In miraque! — Ç’atout co des ch’rijes, mère
Grougn’resse, mîme les aigrettes, les griottes. In pûr nectar. — On a mîdg’rout djusqu’à la nût...
On s’rèlèv’rout mîme pou z-a mîdgi... — Ça fât deux côps qu’vès rt’rapez
la p’tite quillie d’pot das l’bocaux, Germaine. V’allez tchambrîr das deux
minutes. — V’atez
co pus pansard què mi, v’y
ez atu troîs côps, vous. Et v’ez d’jà in
œil en rûe libe... Djè va m’a r-aller.
Oooops... Bin, dj’â don maû dè
m’tènu d’bout. — Rassuez-v’, Germaine. Dj’allans
nous mette à l’aise èt... — Haye, co n’pètite quillie, va,
pûs on n’voirè soûlm’at pus ç’qu’on va fâre... — À la santé d’la Denîse, èt pûs...
zim boum tralala! | Le 18 juin 2023. — Salut, Tampir. Ben, que vous mangez là? — Bonjour, Germaine. À votre avis? — Ça ressemble à des cerises. Même les
petites, mais là, je n’en suis pas sûre. Peut-être des cassis? — Quand vous aurez goûté, Germaine,
vous aurez un avis avisé, comme on dirait. Mais je n’ai jamais vu de cassis
avec des noyaux... — Ça ne saurait être de la récolte
de cette année, en tout cas. On n’en voit quasi pas sur les arbres. — Germaine, vous avez devant vous
quelque chose dont peu de gens sur terre pourront se régaler. Ça vient de deux
bocaux qui ont été stérilisés en 1992 et 2000. — Vous vous foutez de moi, une fois
de plus! — Asseyez-vous, je vous en mets un
peu dans une tasse. Des bigarreaux de 2000. Dans un jus comme on n’en trouve
pas su notre planète. — Vous ne m’en mettez guère, Jules.
Et vous lésinez encore sur le sirop! — Le sirop! Le sirop! Je sais bien ce que je fais... Je ne sais combien de degrés ça fait, et
je ne voudrais pas que vous me sautiez dessus dans cinq minutes pour la
carambole du siècle, il fait trop chaud! — Comment, hé, vieux bouc! Je suis une honnête femme, moi! — Moi aussi, Germaine! — Ah, vous êtes une femme? Ça ne se voit pas encore trop! Vous avez déjà trop tapé sur les cerises, à ce que je vois. — Allez, c’est bon, on ne va pas
s’abandonner à des bêtes chamailleries, goûtez-moi ça! — Mon dieu, Jules, quel bonheur...
Ça vient d’où? — Ça sort de la cave de la Denise
(qui aura bientôt 94 ans), c’est son homme qui a préparé les bocaux ces
années-là... — Vous vendriez ça sur le marché,
vous en tireriez des mille et des cents! — Vendre ça? Ça se vendrait peut-être si ç’était rouge, mais la couleur est plutôt
brune. Avec toutes les vessies qu’on vous fait prendre pour des lanternes,
personne ne voudrait mettre un sou là-dedans... Buvez un coup de jus, Germaine,
tout doucement. — Pétardise, quel bonheur! Le petit Jésus en culotte de velours qui descend... Un miracle! — C’étaient encore des vraies
cerises, mère Grougn’ resse, même les aigrettes, les griottes. Un pur nectar. — On en mangerait jusqu’à la
nuit... On se relèverait même pour en manger... — Ça fait deux fois que vous
replongez la petite cuillère à pot dans le bocal, Germaine. Vous allez vaciller
dans deux minutes. — Vous êtes encore plus gourmand
que moi, vous y êtes allé trois fois, vous. Et vous avez déjà un œil en roue
libre... Je vais retourner. Oooops... Ben, j’ai du mal à tenir debout. — Rasseyez-vous, Germaine. On va se
mettre à l’aise et... — Haye, encore une petite
louchette, va, puis on ne verra même plus ce qu’on va faire... — À la santé de la Denise, et
puis... zim boum tralala! |
El 4 dè djuin 2023. — Salut, Tampir! V’atez prête? — Oyi, don, Germaine. Dj’â mîme
prèparé l’maillot! — Bin vès n’doutez d’rin, là, vous!
L’âwe n’est m’ co sûr assez tchauffîte pour qu’on s’y trapiche. — Djè v’dèrâ si elle est bounne
quand djè s’râ d’das. Et si elle est bounne, tant pîre, v’y venrez aveu pont
d’maillot! — Bin là, èt v’arez mins la camèra
en route en doûce, bin sûr! — Oh, non, don! Djè n’vès l’â m’ co
dit, mâs dj’a r’nonci à toûner des films d’èpouvante... — Lâd mounâme! Quand vès s’rez
l’cul das l’âwe, djè sûs capâbe dè v’y noï! — Vès vèrins r’gretter ça tout
l’resse dè vote existence das la prîjon d’Mârtche! — R’gretter? Vès m’ez d’jà bin
rwâti? — Allès,
mettans-nous en route, èm’
pètit pouillon. T’à l’heûre i
gn’arè pus d’glace das l’frigo-box èt i
faurè
siffler l’pastis tout tchaud. — M’pètit pouillon, m’pètit
pouillon... Vès savez ç’qu’i v’dit, l’pètit pouillon? — Oyi, què c’est in plâji d’a-n
aller pique-niquer aveu in houmme aussi dgentil qu’mi... — Qu’est-ce què v’ez prins coumme
boutèle pou mîdgi? — Bin, les boutèles, on n’les mîdge
mi, là, Germaine. — Pou boire a mîdgeant, vî tordu
d’la casquette! — Vaut mieux ête tordu d’la
casquette què d’la... — Tâjez-v’, mau èduqué! — Dj’allans mîdgi nos premières
salades dè crombîres... — Aveu des z’haricots estra fins... — Qui v’nant don Kènya. — C’est malheûreûx, noume. On
doûrout passer d’vant sas les voir, ces affaires-là. — El monde est fin fou, Germaine.
Et on s’lâye moûner pa l’tchu don nez. — A rattadant, on va tout d’mîme
profîter don bî taps. — C’est quoi, la p’tite boutèle das
vote pani? — In p’tit poûsse-cafè dè d’padrî
les fagots. — A la bounne heûre. Djè crois què
dj’fârâ coumme vous. — Ça veut dère quoi, ça? — Djè n’anichèrra m’ èm’ maillot
non pus, èt l’âwe s’rè bin bounne! | Le 4 juin 2023. — Salut, Tampir! Vous êtes prêt? — Oui, donc, Germaine. J’ai m^^me
préparé le maillot! — Ben vous ne doutez de rien, là,
vous! L’eau n’est sûrement pas assez chaude pour qu’on s’y trempe. — Je vous dirai si elle est bonne
quand je serai dedans. Et si elle est bonne, tant pis, vous y viendrez sans
maillot! — Ben là, et vous aurez mis la
caméra en marche en douce, bien sûr! — Oh, non, allez! Je ne vous l’ai
pas encore dit, mais j’ai renoncé à tourner des films d’épouvante... — Sale type! Quand vous serez les
fesses dans l’eau, je suis capable de vous y noyer! — Vous iriez regretter ça tout le
reste de vote vie à la prison de Marche! — Regretter? Vous m’avez déjà bien
regardée? — Allez, mettons-nous en route, mon
petit poussin. Tout à l’heure il n’y aura plus de glace dans le frigo-box et il
faudra boire le pastis tout chaud. — Mon petit poussin, mon petit
poussin... Vous savez ce qu’il vous dit, le petit poussin? — Oui : que c’est un plaisir
d’aller pique-niquer avec un homme aussi gentil que moi... — Qu’est-ce que vous avez pris
comme bouteille pour manger? — Ben, les bouteilles, on ne les
mange pas, là, Germaine. — Pour boire en mangeant, vieux
tordu de la casquette! — Vaut mieux être tordu de la
casquette que de la... — Taisez-vous, mal éduqué! — Nous allons manger nos premières
salades de pommes de terre... — Avec des haricots extra fins... — Qui viennent du Kenya. — C’est malheureux, hein. On
devrait passer devant sans les voir, ces trucs-là. — Le monde est fin fou, Germaine.
Et on se laisse mener par le bout du nez. — En attendant, on va tout de même
profiter du beau temps. — C’est quoi, la petite bouteille
dans votre panier? — Un petit pousse-café de derrière
les fagots. — A la bonne heure. Je crois que je
ferai comme vous. — Ça veut dire quoi, ça? — Je ne salirai pas mon maillot non
plus, et l’eau sera bien bonne! |
El 21 mai 2023. — Bondjou, note Germaine, coummat
ç’qu’allez-v’ bin? — Bondjou, Jules. V’atez sûr què
v’allez bin vous-mîme pou z-a sorti n’pareille? — Bah, c’est n’manière dè dère qu’i
m’sène què v’allez co putot bin... — Huh... Quand on è des œils
couvisses coumme les votes, on fârout mieux dè s’târe! Mâs ça n’fât rin. Dj’â prèparé
l’pani! — Prèparé l’pani? — Bin,
c’est l’premî dîmatche dè
l’annâye qu’i fât in taps d’pique-nique,
èt djè m’â dit qu’on vèrout bin
d’lez
la mâre au ruché... — Bounne idée, Germaine. Djè
pass’rans pa Robîmont, quand i fât don s’lo, c’est in des pus bîs coins d’la
Gaume. — Pernez toudjous des all’mettes,
on fârè grîre la tchâ su l’barbacu don site. — Bin. Djè n’avous m’ prèvu ça, mâs
la salâde dè crombîres què dj’a fât au matin vèrè bin aveu l’pani... — Oyi,
profîtans-a l’taps qu’on n’è
m’ co interdit d’cûre à la houille dè
bos. Les restaûrants n’pèlant d’jà pus
cûre les pizzas au bos! — I gn’a-n è co qui l’fayant, là,
pourtant! — Oyi,
mâs tous les nouvîs qui
s’mettant au boulot, i sant bin oblidgis d’mette in four
èlectrique. Et on les
î conseille dè dère aux clients
qu’c’est brâmat pus prope, qu’i
gn’è pus pont
d’noir dans les assiettes... — Sauf si l’queujeû lâye la pizza
trop longtaps das l’four èt qu’i la soûrte noire coumme èç’ què dj’dèrous bin! — Oyi, bin, n’dijez rin, ça s’rè co
mieux! — I m’sène qu’on è bin don mau
d’passer oute el mois d’mai... — In mois d’dentelle, plî d’trôs èt
d’djous qui n’valant rin. In mois qu’on travaille co moins qu’en fèvrî. — Bin, coumme i dijant, c’est
l’mois d’la Marie, c’est l’pus bîs d’tourtous... — Les cés qui sant co à l’ouvradge
èn’ savant la tchance qu’i-s avant... — Pouquoi, don, Jules? — I-s avant tout plî d’condgis,
zoux! — Bin, vès n’avez pus qu’ça, vous! Èt vès v’plîdez co! — Vès savez quoi, Jules? On doûrout fâre travailli tous les pensiounnés les djous d’fîte. — Ah nom dès djeux, n’allez m’ co
foûrrer ça das l’tuyau d’l’oreille don gouvernemat, là, sacrée saute-aux-blosses! — Ha! Ha! Ha! Allans z-y, el sèlo nous rawâ! | Le 21 mai 2023. — Bonjour, notre Germaine, comment
allez-vous bien? — Bonjour, Jules. Vous êtes sûr que
vous allez bien vous-même pour en sortir une pareille? — Bah, c’est une manière de dire
que vous semblez aller plutôt bien... — Huh... Quand on a des yeux
bouffis comme les vôtres, on ferait mieux de se taire! Mais ça ne fait rien. J’ai préparé
le panier! — Préparé le panier? — Ben, c’est le premier dimanche de
l’année qu’il fait un temps de pique-nique et je me suis dit qu’on irait bien à
al mare au ruisseau... — Bonne idée, Germaine. Nous passerons
par Robelmont, quand il fait soleil, c’est un des plus beaux coins de la Gaume. — Prenez toujours des allumettes,
on fera griller la viande sur le BBQ du site. — Bien. Je n’avais pas prévu ça,
mais la salade de pommes de terre que j’ai faite au matin ira bien avec le
panier... — Oui, profitons-en le temps qu’on
n’a pas encore interdit de cuire au charbon de bois. Les restaurants ne peuvent
déjà plus cuire les pizzas au bois! — Il y en a qui le font encore, là,
pourtant! — Oui, mais tous les nouveaux qui
s’installent sont bien obligés d’e mettre un four électrique. Et on leur
conseille de dire aux clients que c’est bien plus propre, qu’il n’y a plus de
noir dans les assiettes... — Sauf si celui qui est aux
fourneaux laisse la pizza trop longtemps dans le four et qu’il la sort noire
comme ce que je dirais bien! — Oui, ben, ne dites rien, ce sera
encore mieux! — Il me semble qu’on a bien du mal
de se mettre quitte du mois de mai... — Un mois de dentelle, plein de
trous et de jours qui ne valent rien. Un mois où on travaille encore moins
qu’en février. — Ben, comme ils disent, c’est le
mois de Marie, c’est le mois le plus beau!... — Ceux qui sont toujours au boulot
ne savent pas la chance qu’ils ont... — Pourquoi, Jules? — Ils ont plein de congés, eux! — Ben, vous n’avez plus que ça,
vous! Et vous vous plaignez encore! — Vous savez quoi, Jules? On devrait faire travailler tous les pensionnés les jours fériés. — Ah nom d’un chien, n’allez pas
fourrer ça dans le tuyau de l’oreille du gouvernement, là, sacrée écervelée! — Ha! Ha! Ha! Allons-y, le soleil nous attend! |
El 14 mai 2023. — Bondjou, Jules, v’allez bin? — Bondjou, Germaine, ça vèrè, mîme
s’i faut bin tout... — Djè sûs sotte, Jules, ou bin on
r’cause d’jà d’èlections? — Djè va ête prudent, Germaine, djè
dèrâ qu’i gn’è in paû des deux... — Bin fât pou ma margoulette, ça
m’appenrè à poser les questions coumme i faut... — Pouquoi ç’què ça v’tracasse, don,
mère Grougn’resse? — Ça
n’mè tracasse mi, cè n’est m’
ça. Mäs dj’allans co ramassi des proumesses plî
les dats aveu djamâs pont
d’vèrité èt
d’rèalisâtions. Djè m’dèmande si
on n’doûrout m’ ècri in lîve aveu
tout zoû canladge, zoû bardaladge. Et les oblidgi à
l’ach’ter in côp qu’i s’rè
publié. — Les ècolos v’attrap’raint pa la
gaffe paçquè l’papi s’rout don gaspilladge. I faut sauver les forêts, mille
pètards. — Oyi, c’est pou ça qu’i nous
fayant fâre des baraques en bos, bin sûr... — Èt pûs, i faurout d’jà n’fâmeuse
èquipe pou collecter tafât pou l’mette su papi! — Èt
djè fârous fâre el calcul dè
ç’què ça cout’rout pou fâre tout
ça. Djè sûs sûre qu’i faurout
l’budget d’la
France èt d’l’All’magne aveu pour z-y arriver. — Vès croyez qu’i v’lây’raint fâre? I v’dèmand’raint d’qué opinion qu’v’atez pou fâre âque ainla. — Opinion? V’a-n atez co à croire qu’i gn’è des opinons en politique, vous? D’qué guîrre què v’atez, don? En politique, gn’è pont d’opinion, i gn’è qu’des intèrêts. — Germaine, vès doûrains v’bailli
d’awârde, là. N’allez djamâs a dère eune pareille dèvant tout l’monde, ou bin
mettez in gîlet pare-bâlles pou n’aller d’vant l’huche! — Jules,
djè sûs coumme el Jojo
Bouillon, djè bacây’râ tout
ç’qu’i m’plârè, qu’est-ce
què v’vèlez, djè sûs
gaumaise. — Qu’allez-v’ fâre, quand on va
r’vôter? V’allez z-y n-aller d’bounne heûre pou ête vite quitte, ou bin quoi? — Djè crois qu’djè d’môr’râ tchuz
mi. In paû coumme à Pâques, a rwâtant passer les clotches... — Ha! Ha! Ha!
On s’rè sûr pus’ què deux à
rwâti l’dèfilé. Mâs les pus bîs
sons qu’on
arè, c’est l’londmî : el tintamarre dè
tous les partis qu’arant tourtous
guîgni, mîme les çous qu’arant prins
n’dèguesine! — Nez-a,
Tampir. Djè vèrans penre
l’apèro tchûz la Zélie, paraît
qu’elle è don nouvî maitrank aveu d’la
violette
ou don citron! — Pou l’quél què v’allez vôter? — Djè n’fârâ m’ la narouse, Jules,
dj’a penrâ bin inque dè chaque! | Le 14 mai 2023. — Bonjour, Jules, vous allez bien? — Bonjour, Germaine, ça ira, même
s’il faut bien tout... — Je suis sotte, Jules, ou bien on
reparle déjà d’élections? — Je vais être prudent, Germaine,
je dirai qu’il y a un peu des deux... — Bien fait pour ma tronche, ça
m’apprendra à poser les questions comme il faut... — Pourquoi est-ce que ça vous
tracasse, mère Grougn’resse? — Ça ne me tracasse pas, ce n’est
pas ça. Mais nous allons encore ramasser des promesses plein les gencives sans
la moindre vérité ni réalisation. Je me demande si on ne devrait pas écrire un
livre avec tout leur baratin, leur verbiage. Et les obliger à l’acheter une
fois publié. — Les écolos vous attraperaient par
la gaffe parce que ce serait un gaspillage de papier. Il faut sauver les
forêts, mille pétards. — Oui, c’est pour ça qu’ils nous
font construire des baraques en bois, bien sûr... — Et puis, il faudrait déjà une
fameuse équipe pour collecter tout et le mette su papier! — Et je ferais faire le calcul de
ce que ça coûterait pour faire tout ça. Je suis sûre qu’il faudrait le budget
de la France et de l’Allemagne aussi pour y arriver. — Vous croyez qu’ils vous
laisseraient faire? Ils vous demanderaient de quelle opinion vous êtes pour agir ainsi. — Opinion? Vous en êtes encore à croire qu’il y a des opinons en politique, vous? De quelle guerre vous sortez? En politique, il n’y a pas d’opinion, il n’y a que des intérêts. — Germaine, vous devriez faire
attention. N’allez jamais en dire une pareille devant tout le monde, ou bien
mettez in gilet pare-balles pour sortir! — Jules, je suis comme le Jojo
Bouillon, je crierai tout ce qu’il me plaira, que voulez-vous, je suis
gaumaise. — Qu’allez-vous faire, quand on va
revoter? Vous irez de bonne heure pour être vite quitte, ou bien quoi? — Je crois que je resterai chez
moi. Un peu comme à Pâques, en regardant passer les cloches... — Ha! Ha! Ha! On sera sûr plus que deux à regarder le défilé. Mais les plus beaux sons,
nous les aurons le lendemain : le tintamarre de tous les partis qui auront tous
gagné, même ceux qui auront pris une belle veste! — Venez, Tampir. On ira prendre
l’apéro chez la Zélie, paraît qu’elle a du nouveau maitrank aveu de la violette
ou du citron! — Pour lequel allez-vous voter? — Je ne ferai pas la fine bouche,
Jules, j’en prendrai bien un de chaque! |
El 7 mai 2023. — Bondjou, Père Tampir! — Salut, là, la mère. — Est-ç’ què v’savez bin qué mois
qu’on est? — Ma foi, djè sondge bin qu’j’atans
au mois d’mai, Germaine. — Il
est co pîre què l’mois
d’févri. Quand v’ez fât dè
r’tèrer les djous qu’on hutche fèriès,
i n’a d’more
pus wâ... — Ça, c’est bin vrâ, là, Germaine,
on n’vès l’fât m’ dère! — Djè
crois qu’les hottus d’la
Coummunaûté française avant bin calculé
zoû côp : a foutant l’condgi d’Pâques
en mai, i fayant pîrde à tous les afants des djous
d’condgis qu’avant v’nu
s’catchi das les vacances... — Oyi,
mère Grougn’resse, c’est
vrâ, ça. Ç’qui m’ètounne,
c’est qu’les profs n’avant m’ fât
breûler les
syndicats pou rècupèrer ça... — L’annâye
n’est m’ co oûte, Jules,
i gn’è co pachoûne qui les y è
foûrré ça d’zous l’nez, mâs si
ça arrive,
v’allez voir les grèves qu’allant s’mette en
route. — Djè
m’dèmande tout d’mîme où
ç’què dj’allans. On n’arrête mi
d’nous dère què la Wallounie foute nos sous en
l’air, èt djè mettrous ma mî au fû
qu’les mîmes lâds varas r’venrant co au
pouvoir aux èlections qu’allant v’nu. — Vès n’atez m’ tout djusse das
vote tîte, Jules, les dgens s’rint si loûgnes? — On n’nous d’mand’rè m’ note avis.
Les partis r’mettrant les mîmes crapuleux su zoûs lisses, èt les lobbys s’rant
co padrî zous. Qu’on alliche vôter ou qu’on n’y alliche mi, c’est djusse pareil
: les mîmes profîteurs venrant v’rèfâre belle mine. C’est coumme pou les
guîrres, on v’rèbatte les oreilles aveu des «pus djamâs ça» longs coumme el
bras èt a même taps, on r’fât des fusiques et on les vade pour n’mi pîrde des
sous èt fâre deurer les bagarres. — Ben v’a fayez in bî, d’amalgame! — C’est
djusse el mîme processus,
Germaine. On v’dit qu’i faut qu’ça
tchîdgiche èt qu’on va fâre
èç’ qu’i faut
pou ça, pûs quand l’moumat est drî nous, on
nous r’foute la mîme crasse su
l’dos. — On fât tout d’mîme des progrès
pou l’ècolodgie, noume... — Tâjez-v’, là. Vès savez ç’qui
pollue l’pus?
Les gros bateaux, les «tankers», coumme i dijant, qui
valant tchèquin des
dîjînes dè mille autos pou la polution.
Toulà, on n’fât rin. I p’lant
continuer. Èt tout ç’qui toûne aveu don
courant, ça n’fât qu’rapli les potches
des producteurs d’èlectricité. Djè
n’baille mi cinq ans qu’on r’troûvrè les
djous d’alternance, què les plaques impaires
roûl’rant in djou, les paires
l’aute paçqu’i gn’arè pus assez
d’courant. Et on vèrè voler l’courant des
dâbôs
qu’avant mins tout plî d’plaques
photovoltaïques, aveu sanction s’i n’vèlant
m’
ès’ lâyi tonde. — Tâjez-v’, don Jules. Ça m’fât
froid das l’dos. Qué monde, mille djeux, qué monde! — Allèz, Germaine, d’jallans adamer
n’nûve boutèle dè Ricard... — Bounne idée, paçquè v’m’ez
quâs’mat côpé l’appétit aveu vos histoires! | Le 7 mai 2023. — Bonjour, Père Tampir! — Salut, donc, la mère. — Savez-vous bien quel
mois nous sommes? — Ma foi, je pense bien qu’on est
au mois de mai, Germaine. — Il est encore pire que le mois de
février. Quand vous avez retiré les jours qu’on dit fériés, i n’en reste plus
guère... — Ça, c’est bien vrai, Germaine, on
ne vous le fait pas dire! — Je crois que les tordus de la
Communauté française ont bien calculé leur coup : en mettant le congé de Pâques
en mai, ils font perdre à tous les enfants des jours de congé qui viennent se
cacher dans les vacances... — Oui, mère Grougn’resse, c’est
vrai, ça. Ce qui m’étonne, c’est que les profs n’ont pas fait hurler les
syndicats pour récupérer ça... — L’année n’est pas encore finie,
Jules, personne ne leur a encore fourré ça sous le nez, mais si ça arrive, vous
allez voir démarrer les grèves. — Je me demande tout de même où
nous allons. On n’arrête pas de nous dire que la Wallonie jette notre argent
par les fenêtres, et je mettrais ma main au feu que les mêmes incapables
reviendront au pouvoir aux prochaines élections. — Vous n’êtes pas tout juste dans
votre tête, Jules, les gens seraient si bêtes? — On ne nous demandera pas notre
avis. Les partis remettront les mêmes indésirables sur leurs listes, et les
lobbys seront encore derrière eux. Qu’on aille voter ou qu’on n’y aille pas,
c’est juste pareil : les mêmes profiteurs viendront vous refaire belle mine.
C’est comme pour les guerres, on vous rebat les oreilles avec des «plus jamais
ça» longs comme le bras et en même temps, on refabrique des armes et on les
vend pour ne pas perdre d’argent et faire durer les conflits. — Ben vous en faites un beau,
d’amalgame! — C’est juste le même processus,
Germaine. On vous dit qu’il faut que ça change et qu’on va faire ce qu’il faut
pour ça, puis quand le moment est passé, on nous ressert la même crasse. — On fait tout de même des progrès
pour l’écologie, n’est-ce pas... — Taisez-vous donc! Vous savez ce qui pollue le plus? Les gros bateaux, les «tankers», comme ils disent, qui valant chacun, des
dizaines de milliers d’autos en pollution. Là, on ne fait rien. Ils peuvent
continuer. Et tout ce qui fonctionne à l’électricité, ça ne fait que remplir
les poches des producteurs de courant. Je ne donne pas cinq ans avant qu’on ne
retrouve les jours alternés, les plaques
impaires rouleront un jour, les paires l’autre parce qu’il n’y aura plus assez
de courant. Et on ira voler le courant des naïfs qui ont mis plein de panneaux
photo- voltaïques, avec sanction s’ils ne veulent pas se laisser dépouiller. — Taisez-vous, donc, Jules. Ça me
fait froid dans le dos. Quel monde, mille pétards, quel monde! — Allez, Germaine, nous allons
entamer une nouvelle bouteille de Ricard... — Bonne idée, parce que vous m’avez
quasi coupé l’appétit avec vos histoires! |
El 30 avri 2023. — Bondjou, Père Tampir! — Bondjou, la mère Grougn’resse! Dè quoi ç’què v’allez v’plide, anû? — Bin a v’là co eune, djè n’a co
rin dit èt vès m’rabrouez d’jà! — C’est l’manque dè s’lo qui
m’mette dè mauvais poil! — Pourtant, dj’atans l’30 d’avri! — Oyi, el djou d’avant l’premî
mai... — Mmmmh v’atez mou subtil tout d’in
côp! — Et c’est co in djou spèciâl pou
in aute râjon... — Dijez-m’, père Tampir... — C’est l’47e Chapite
des Sossons d’Orvaulx. — Ah? Et vès n’y atez m’? — Non.nèt, Germaine mâs i gn’arè
quèqu’inque què d’jcounn’chans bin qui va ête noummé Sosson d’hounneur... — Oho... Vès savez qui? Aye, bin bin sûr, sinon vès n’a caus’rins m’. — El drole qui fât la P’tite
Édition. — Bin ça, alôrs! Ça va lî monter à la hanette, i n’dèrè pus bondjou à pachoûne! — Ça n’s’rout m’ das l’esprit d’la
confrérie, Germaine. Mâs i paraît tout d’mîme qu’il a-n est fier coumme
Artaban. — Qui est-ce co ç’ti-la? — I faûrout trop d’taps pou
v’raconter l’histoire, Germaine. Allans putot vûdi in verre à sa santé! — In Orvau, alors? — Bin là, c’est bin sûr! Et pou dîner, rin qu’dès plats aveu l’froumadge d’Orvau èt l’Orvau pou
trinquer. — Tampir, djè m’rèliche d’jà les
babines. — Vès savez bin ç’qu’est bon, noume? — Vès n’atez m’ el dârin non pus! Santé! | Le 30 avril 2023. — Bonjour, Père Tampir! — Bonjour, la mère Grougn’resse! De quoi allez-vous vous plaindre, aujourd’hui? — Ben en en voilà encore une, je
n’ai encore rien dit et vous me rabrouez déjà! — C’est le manque de soleil qui me
met de mauvais poil! — Pourtant, nous sommes le 30 avril! — Oui, la veille du premier mai... — Mmmmh vous êtes bien subtil tout
d’un coup! — Et c’est un jour spécial
pour une autre raison... — Dites-moi, père Tampir... — C’est le 47e Chapitre
des Sossons d’Orvaulx. — Ah? Et vous n’y êtes pas? — Non, Germaine mais quelqu’un que
nous connaissons bien va être nommé Sosson d’honneur... — Oho... Vous savez qui? Ben oui, bien sûr, sinon vous n’en causeriez pas. — Le drôle qui fait la Petite
Édition. — Ben ça, alors! Ça va lui monter à la tête, il ne dira plus bonjour à personne! — Ça ne serait pas dans l’esprit de
la confrérie, Germaine. Mais il paraît quand même qu’il en est fier comme
Artaban. — Qui est-ce encore celui-là? — Vous raconter l’histoire serait trop long, Germaine. Allons plutôt vider un verre à sa santé! — Un Orval, alors? — Ben là, c’est bien sûr! Et pour dîner, rien que des plats avec du fromage d’Orval et l’Orval pour
trinquer. — Tampir, je me lèche déjà les
babines. — Vous savez bien ce qui est bon,
n’est-ce pas? — Vous n’êtes pas le dernier non
plus! Santé! |
El 23 avri 2023. — Bondjou, Germaine! — Wâye, v’là note Jules! — On dèrout qu’ça v’fât plâji dè
m’voir! — Ma foi, djè n’dèrâ m’ el
contraire. Dj’atous en train d’prèparer n’touffâye èt... — Djè l’avous bin nodu, Germaine.
Vès la fayez coumme pachoûne. Èt v’ez l’art dè bin bruni tafât, rin n’node el
brûlé, èt v’ez toudjous n’touffâye estra! — Mi la poûne dè m’lober, Jules,
c’est pou nous deux. — Èt vès trouvez co don sayin? On m’dijout l’aute côp qu’on n’a trouvout pus dèdpûs longtaps. — Wâye, aveu quoi ç’què v’fayez la
touffâye èt co l’chou roussi, Jules? — Ah, vès savez bin qu’el Gaston
d’la Zûlma a r’fât tchaque côp qu’i tûe in pouchî, non?
Djè l’â toudjous pou rin tchûz
ç’vara-là. Don pûr, aveu pont
d’zoûs «additifs» coumme i dijant, pou qu’ça s’wârdiche bin... — Èt vès n’sarins z-a d’mander pour
mi aveu, l’protchain côp? — Djè n’â m’ rawardé qu’v’a
causinches, Germaine, dj’a-n amoûne in potiquet. — Faut qu’djè l’goûtiche... Mmmhhhh! Coumme das l’taps, quand ma grand-mère a fayout... — Vès mettez co don lârd en pus,
Germaine? — Non.nèt, Jules i n’faût m’ què
ç’atiche trop grâs, sinon, gâre à la dèclitchette... Èt pûs, aveu la
plate côte, qui baille dè la grache ètout, cè n’est d’jà si maû... — Vès n’côpez m’ les crombîres, à
ç’què dj’vois. — Mi tout d’chûte, Jules, djè les
lâye cûre à paû près à mîtan avant d’les côper a quate bouquets. — Ène rècette dè la ruâye? — Non.nèt.
M’man fayout toudjous
ainla, djè n’â djamâs sû pouquoi,
èt dj’â wârdé l’pli.
P’t-ête què ça n’tchîdge
rin... Elles sant tout d’mîme bin brunes das
l’assiette. — Rin què d’voir les unions, djè
badîve d’jà... Vès n’ez m’ sûr prins les ramâtes! — Mâs vès v’bârez d’awarde, noume,
Jules. El concert, vès l’djourez tchûz vous! — Ho! Après deux poûsse-cafès, vès v’foutrez bin d’oyi la musique, djè vès
l’dis! — Bin,
sacré mîtan saûlâye, què
v’atez, on n’è m’ co prins
l’apèro qu’v’atez d’jà au
poûsse-cafè! Vès m’a fayez inque, là, vous! — Ah, djè vas toudjous trop vite
das tafât... — Oyi, bin sûr. Das tafât. — Dè quoi? Qu’est-ce què v’vèlez dère aveu ça? — Rin, vûdez l’Zigomar què v’ez
amoûné avant qu’i n’souche tchaud! — Santé! | Le 23 avril 2023. — Bonjour, Germaine! — Tiens, voilà notre Jules! — On dirait que ça vous fait
plaisir de me voir! — Ma foi, je ne dirai pas le
contraire. J’étais en train de préparer une touffâye et... — Je l’avais bien senti, Germaine.
Vous la faites comme personne. Et vous avez l’art de bien brunir tout, rien ne
sent le brûlé, et vous avez toujours une touffâye extra! — Inutile de me flatter, Jules,
c’est pour nous deux. — Vous trouvez encore du
saindoux? On me il y a peu jour qu’on n’en trouvait plus depuis longtemps. — Ben, avec quoi faites-vous la
touffâye et le chou roussi, Jules? — Ah, vous savez bien que le Gaston
de la Zûlma en refait chaque fois qu’il tue un cochon, non?
Je l’ai toujours à l’œil chez ce
opain-là. Du pur, sans «additifs» comme ils
disent, pour bien conserver... — Et vous ne sauriez pas en
demander pour moi aussi, la prochaine fois? — Je n’ai pas attendu que vous en
parliez, Germaine, J’en apporte un pot. — Faut que je le goûte... Mmmhhhh! Comme dans le temps, quand ma grand-mère en faisait... — Vous ajoutez encore du lard,
Germaine? — Non, Jules il ne faut pas que ce
soit trop gras, sinon, gare à la diarrhée... et puis, la côte plate
donne aussi de la graisse, ce n’est déjà pas si mal... — Vous ne coupez pas les patates, à
ce que je vois. — Pas tout de suite, Jules, je les
laisse cuire presque à moitié avant de les couper en quatre. — Une recette de la rue? — Non. Ma mère faisait toujours
comme cela, je n’ai jamais su pourquoi, et j’ai gardé l’habitude. Peut-être que
ça ne change rien... Elles sont tout de même bien brunes dans l’assiette. — Rien qu’à voir les oignons, je
salive déjà... Vous n’avez pas lésiné! — Mais vous ferez attention, hein,
Jules. Le concert, vous le jouerez chez vous! — Ho! Après deux pousse-cafés, vous vous ficherez bien d’entendre la musique,
je vous le dis! — Ben, sacré demi-ivrogne, que vous
êtes, on n’a pas encore pris l’apéro que vous êtes déjà au pousse-café! Vous m’en faites un, là, vous! — Ah, je vais toujours trop vite
dans tout... — Oui, pour sûr. Dans tout. — Comment? Qu’est-ce que vous voulez dire par là? — Rien, servez le Zigomar que vous
avez apporté avant qu’il ne soit chaud! — Santé! |
El 16 avri 2023. — Bondjou, Germaine! — Bondjou, don, Jules. V’allez aux
coummissions? — Non.net, Germaine, djè vas
poûrter in pâté d’foie au Norbert. — Don pâté d’foie? Vès savez fâre ça, vous? — Bin sûr, don! Èt djè l’fâs co coumme èm’ grand-père el fayout! — Vès
n’y mettez pont d’raisins, dè
spèculoos, ou tout plî d’hatut’ries qui
m’fârint r’meus’rer l’meilleûr des
gueûl’tons rin qu’d’y sondgi? — Djè sûs d’la vîe ècole, mi. I
m’faût âque qu’ aviche don goût, mi des parfumadges qui n’ant rin à fâre das
les r’cettes què dj’â si bin îmé das ma djeûnesse. — Èt vès n-n ez fât djusse pou
l’Norbert... — Coummat ç’qu’on v’hutche, vous? Djusse pou rwâti si v’atez das ma lisse... — Coumme
vès n’arrêtez m’ dè
m’dèhutchi, djè n’sais qué nom
qu’ v’avez pu mette. Montrez in paû vote papi... — V’atez trop curieûse, Germaine.
Djè n’â pont d’papi, ma lisse, djè l’â das ma tîte. — C’est bon, dj’â comprins. — Djè vois, dèzous l’Norbert què
dj’â mins «La goulafe d’en haut»... Ça n’vès dit rin? — Vès n’atez qu’in lâd mounâme, mâs
ça poûrrout co bin ête mi. — Vès n’voûrins m’ bin sûr què
dj’fiche autremat, d’jî... — V’allez ramassi ma mî su la
margoulette! — Bin v’a-n avez, don toupet! Djè v’fâs in bî pâté èt vès venrins m’foute ène conrâye! On n’è djamâs vû ça! — Allez-v’z-a tchûz l’Norbert, vès
r’pass’rez tchûz la goulafe d’en haut! — Wâtez das m’satche, èt dijez-m’
el quél què v’vèlez. — Ooohhh! Coumme i sant bîs! El pus noir, si vès v’ez bin. Dj’îme bin quand el dèssus est bin cût... — Prèparez l’apèro, Germaine, djè
sûs toulà das n’dèmi-heûre. — I v’a faût, don taps! Sa mâjon n’est m’ à cinq minutes! — I n’mè lâyrè m’ m’a-n aller tant
què dj’n’ara m’ dèchadu m-n Orvau... — Allèz, c’est bon. Vès r’troûv’rez
bin ma mâjon a r’dèvolant? — Oh, bin sûr, allez... — Vès n’arez qu’dè v’guîder aveu
vote nez, c’est d’où ç’què ça node el cabus roussi. — Aha! Bin djè crois què l’Norbert poûrrè bin wârder s-n Orvau. Enfin, in côp
l’premî passé... — Dèpîtchez-v’, sinon dj’arâ mîdgi
tafât quand v’arriv’rez! | Le16 avril 2023. — Bonjour, Germaine! — Bonjour, Jules. Vous allez aux
commissions? — Non, Germaine, je vais porter un
pâté de foie au Norbert. — Du pâté de foie? Vous savez faire ça, vous? — Bien sûr! Et je le fais encore comme mon grand-père le faisait! — Vous n’y mettez pas de raisins,
de spéculoos, ou un tas de cochonneries qui me feraient vomir le meilleur des
gueuletons rien que d’y penser? — Je suis de la vieille école, moi.
Il me faut quelque chose qui ait du goût, pas des parfumeries qui n’ont rien à
faire dans les recettes que j’ai tant aimées dans ma jeunesse. — Et vous e avez fait rien que pour
le Norbert... — Comment est-ce qu’on vous
appelle, vous? Juste pour voir si vous êtes dans ma liste... — Comme vous n’arrêtez pas de me
débaptiser, je ne sais quel nom vous avez pu mettre. Montrez un peu votre
papier... — Vous êtes trop curieuse,
Germaine. Je n’ai pas de papier, ma liste est dans ma tête. — C’est bon, j’ai compris. — Je vois, en-dessous du Norbert,
que j’ai mis «La goulafre d’en haut»... Ça ne vous dit rien? — Vous n’êtes qu’un sale goujat,
mais ça pourrait bien être moi. — Vous ne voudriez bien sûr pas que
je fasse autrement, j’ai... — Vous allez prendre ma main sur la
figure! — Ben vous en avez, du culot! Je vous fais un beau pâté et vous viendriez me taper dessus! On n’a jamais vu ça! — Allez chez le Norbert, vous
repasserez chez la goulafre d’en haut! — Regardes dans mon sac, et
dites-moi lequel vous voulez. — Ooohhh! Comme ils sont beaux! Le plus noir, si vous voulez bien. J’aime bien quand l dessus est bien
cuit... — Préparez l’apéro, Germaine, je
suis là dans une demi-heure. — Il vous en faut, du temps! Sa maison n’est pas à cinq minutes! — Il ne me laissera jamais partir
tant que je n’aurai pas avalé mon Orval... — Allez, c’est bon. Vous
retrouverez bien ma maison en redescendant? — Oh, bien sûr, allez... — Vous n’aurez qu’à vous guider au
pif, c’est où ça sent le cabus roussi. — Aha! Ben je crois que le Norbert pourra bien garder son Orval. Enfin, une fois
le premier avalé... — Dépêchez-vous, sinon j’aurai tout
mangé quand vous arriverez! |
El 9 avri 2023. — Bondjou, Germaine! Ça y est, v’ez... — Ah a v’là assez, hein, Tampir,
vès n’allez m’ èrcoummaci coumme l’annâye passâye! D’aboûrd, djè n’v’â m’ sounné! — Ben, Germaine, qu’est-c’ qui
v’arrive? — Tâjez-v’!
L’annâye passâye, vès m’avins
d’mandé si dj’avous r’vènu
d’Rome, èt
v’allins co sûr rèmette la sauce anû! — Aha. Vès n’ m’avez m’ sounné, ça
veut dère qu’anû, c’est mi la clotche! — Tout djusse! — Ma foi, nous v’là quittes! — On peut l’dère ainla, èt on
r’coummace : Bin l’bondjou, Jules, v’allez bin? — Ça
poûrrout n’aller mieux, mâs on
fârè la fîte tout d’mîme, Germaine.
C’est in goulot d’bourgogne, qui soûrte dè
vote cabas? — Pètardises, quand c’est pou vote
vate, v’ez les œils bin vifs! — Djè v’â prèparé âque dè bon ètou,
Germaine, on va s’règâler. — I n’est m’ co das la péle, mâs i
m’sène què ça node el pèchon... — Inque à inque. Si dj’continuans
ainla, tafât s’pass’rè bin. — V’ez atu voir el Frego? I paraît qu’i-l a-n è vû aveu l’èlestricité! — I n’est m’ co fât d’a voir : Mîme
si tafât est r’netti, i lî faurè sûr des mois pou qu’la mâjon souche bin prope.
I va r’tapisser les tchambes, el pèle et co la salla à mîdgi. Pûs après, i
gn’arè co d’ l’ouvradge... Mâs anû, c’est Pâques! I faut mette tout ça au noir. Et tchartchi après les us das l’méche! Germaine, si v’les trouvez tourtous, v’arez l’apèro. Si vès n’a trouvez
qu’la mîtan, djè sirot’râ l’ricard tout seûl... — V’ez mins des us pou d’bon? Ou bin vès v’foutez d’mi? — Gn’a è des deurs en couleur, et
des en tchôcolât. V’là l’pètit pani pou les mette... — Vès n’les avez m’catchis trop
bas, hein, Jules. A m’n’âdge, on è don maû dè s’plöyi a deux... — Bah, on veut djouer les gamines
èt tchèssi les us, mâs i faûrout co qu’i sinchent à bounne hauteur!!! V’ez dije minutes... — Dj’y coûrs! ... — Jules, dj’a-n a trouvé sije deurs
èt sije en tchôcolât! — V’ez don guîgni l’apèro,
Germaine. — V’atez in brâve, Jules, vès m’les
avins mins pou n’mi m’hoder... — Djè n’sûs m’ fin fou, don,
Germaine! Si dj’avans l’apèro, i gn’arè co l’poûsse-cafè, èt... — Santé, Jules. | Le 9 avril 2023. — Bonjour, Germaine! Ça y est, vous avez... — Ah en voilà assez, hein, Tampir,
vous n’allez pas recommencer comme l’an dernier! D’abord, je ne vous ai pas sonné! — Ben, Germaine, qu’est-ce qui vous
arrive? — Silence! L’an dernier, vous m’aviez demandé si j’étais rentré de Rome, et vous
alliez sûrement remettre la sauce aujourd’hui! — Aha. Vous ne m’avez pas sonné, ça
veut dire qu’aujourd’hui, c’est moi la cloche! — Tout juste! — Ma foi, nous voilà quittes! — On peut le dire comme cela, et on
recommence : Bien le bonjour, Jules, vous allez bien? — Ça pourrait aller mieux, mais on
fera la fête tout de même, Germaine. C’est un goulot de bourgogne, qui dépasse
de vote sac? — Bon sang, quand c’est pour votre
ventre, vous avez le regard bien vif! — je vous ai aussi préparé quelque
chose de bon, Germaine, on va se régaler. — Il n’est pas encore dans la
poêle, mais il me semble que ça sent le poisson... — Un partout. Si nous continuons
comme cela, tout se passera bien. — Vous êtes allé voir le Frego? Il paraît qu’il en a vu avec l’électricité! — Il n’a pas fini d’en voir : même
si tout est renettoyé, il lui faudra des mois pour que la maison soit bien
propre. Il va retapisser les chambres, le salon et la salle à manger. Puis
après, il y aura encore du boulot... Mais aujourd’hui, c’est Pâques! Il faut mette tout ça de côté. Et chercher les œufs dans le jardin! Germaine, si vous les trouvez tous, vous aurez l’apéro. Si vous n’en
trouvez que la moitié, je siroterai le ricard tout seul... — Vous avez vraiment mis des œufs? Ou bien vous vous fichez de moi? — Il y en a des durs colorés, et
d’autres en chocolat. Voilà le petit panier pour les mettre... — Vous ne les avez pas cachés trop
bas, hein, Jules. À mon âge, on a du mal de se plier ev deux... — Bah, on veut jouer les gamines at
faire la chasse aux les œufs, mais il faudrait encore qu’ils soient à bonne
hauteur!!! Vous avez dix minutes... — J’y cours! ... — Jules, j’en ai trouvé six durs et
six en chocolat! — Alors vous avez gagné l’apéro,
Germaine. — Vous êtes un gentil, Jules, vous
me les aviez mis pour ne pas me fatiguer... — Je ne suis pas fou, Germaine! Si nous avons l’apéro, il y aura aussi le pousse-café, et... — Santé, Jules. |
El 26 mârs 2023. — Bondjou, Tampir. — Bin l’bondjou, Germaine. Vès
n’allez m’ co si bin, i m’sène. — Djè sûs hodâye. Gn’è in pouchî
qui fât des travaux à la mâjon, i m’a foute pa d’t-avau. Djè n’arrête mi
d’nettir èt dè r’nettir. — Nez-a boire ène jatte, ça
v’rètaprè. — I-l a faûrout d’l’aute, Jules.
Quand on est au tchu, on n’rèmonte mi si vite. — Vès savez quoi?
Quand dj’arans dîné, djè vèrâ
aveu vous, èt on r’nettîrè, èt on
fârè
ç’qu’i faut pou què
l’pouch’lâ fayiche moins d’dègâts. — Ça m’fârè plâji, Jules. Mâs, vès
voirez l’tâbleau! I gn’è d’quoi fâre dèmî tou èt r’filer d’toutes ses pattes. — Aha.
Vès v’lez dère què
ç’n’est
m’ la poûne què dj’y alliche, què
djè m’a r’sauv’râ à poûne
arrivé? — Vès voirez bin, Jules. — Spiringue
dè pouchî aveu pont
d’ochés, crîme èt aubussons. Aveu ène
purée au chou-fleûr. Qu’a dijez-v’? — Jules,
i n’faut m’ m’a vouloir,
mâs dans l’ètat què dj’sûs,
vès m’annonç’rins in mènu dè
d’tchûz l’Maxime aveu
don Romanée-Conti d’ène grande annâye
què djè n’a sarous rin dère. — V’atez lon, ma paûve Germaine.
Djè v’rèmette ène jatte? — Oyi, allez. Pûs vès m’bârez in
Ricard. Ça m’rèmettrè p’t-ête in pau d’sèlo das la caf’tière... — Bon. Djè m’va prèparer la soupe. — Bin
v’là n’bounne idée, Jules.
Djè badîve après n’bounne soupe dè
lègumes frais dèd’pûs la s’mîne.
Djè n-n’â
pont sû fâre aveu l’aute zozo qui
n’arrête mi d’côper l’courant sas rin
dère. — Allez, alors. Santé! — Santé, Jules. Et merci. | Le 26mars 2023. — Bonjour, Tampir. — Bien le bonjour, Germaine. Vous
n’êtes pas encore si bien, il me semble. — Je suis fatiguée. Un cochon fait
des travaux chez moi, il met des crasses partout. Je nettoie et renettoie sans
arrêt. — Venez boire une jatte, ça vous
retapera. — I-l en faudrait de l’autre,
Jules. Quand on est au bout, on ne remonte pas si vite. — Vous savez quoi? Quand nous aurons dîné, j’irai avec vous, et on renettoiera, et on fera
ce qu’il faut pour que le crasseux fasse moins de dégâts. — Ça me fera plaisir, Jules. Mais,
vous verrez le tableau! I y a de quoi faire demi tour et s’encourir à toutes jambes. — Aha. Vous voulez dire que ce
n’est pas la peine que j’y aille, que je m’en sauverai à peine arrivé? — Vous verrez bien, Jules. — Spiringue de porc sans os, crème
et champi- gnons. Aveu ène purée au chou-fleur. Qu’en dites-vous? — Jules, il ne faut pas m’en
vouloir, mais dans mon état, vous m’annonceriez un menu de chez Maxime avec du
Romanée-Conti d’une grande année que je ne saurais rien en dire. — Vous êtes loin, ma pauvre
Germaine. Je vous ressers une jatte? — Oui, allez. Puis vous me donnerez
un Ricard. Ça me remettra peut-être un peu de soleil dans la cafetière... — Bon. Je vais préparer la soupe. — Ben voilà une bonne idée, Jules.
J’ai envie d’une bonne soupe de légumes frais depuis une semaine. Je n’ai pas
su en faire avec l’autre zozo qui n’arrête pas de couper le courant sans rien
dire. — Allez, alors. Santé! — Santé, Jules. Et merci. |
El 26 fèvrî 2023. — Bondjou, la mère! — Oyi, bondjou bin sûr! — Nè m’dèmandez m’ coummat, mâs djè
sate qu’i gn’è âque qui n’va m’... — Bin vès n’atez m’ in vrâ nodâ,
pou ç’côp-là! — On è don atu à vos pouilles! — On
n’avout d’jà pus qu’in
distributeûr dè sous das l’villadge.
Dj’â v’lu r’tèrer quèques euros
èchoi, mâs
i gn’avout pus rin das la machine. — Bin, ça arrive, non? — In sam’di!
I n’sant m’ foutu dè r’mette des sous
l’venr’di pou tout l’wèk-ène, trop
fégnants pou assûrer in service conv’nâbe! — Oyi, mâs i gn’è des machines à
billets in paû pa d’t’avau das la règion... — Vès
savez bin qu’i gn’a-n è pus
tant qu’ça, èt à ç’
t’heûre, si vès v’lez des sous, i v’faut
n’aûto ou bin
v’allez à la m... — Si v’ez dujette, Germaine, dj’â
co bin quate sous das n’vîe boîte en carton, djè peux v’âdi... — Djè
m’foute dè vos sous, Tampir.
Si vès m’les baillez anû, djè
doûrâ v’les r’bailli d’mî ou das
deux-troîs
djous. Quand djè les tère dè la machine,
c’est bon, djè n’â rin à r’bailli! — Èt vès trouvez ça drole? — Bin
oyi, ça m’coûte el doube
tchûz vous. Quand dj’â päyi
ç’qu’i m’follout, si dj’â prins
les sous à la
machine, c’est fât. Touci, djè les â,
djè les dèpense èt djè dous co v’les
r’mette... — Âh, oyi, djè saisis bin... Sauf
què les sous qu’la machine èv’ baille, i v’nant d’vote compte, mi, quand djè
v’prète 20 eûros, c’est don mienne. — Èt alôrs? — Bin quand vès les dèpensez, c’què
v’ez eû aveu les sous, c’est à mi, c’est mi qui paye. Ça veut dère què pou
qu’ça soiyiche à vous, vès douvez m’rèbailli les 20 eûros... — C’est bin ç’què dj’â dit, djè
päye deux côps. — La machine èv’ baille VOS sous,
mi, djè v’prète les miennes. — Mâs vèlà, la machine, anû è n’mè
baille pus rin. — Bin, pou n’mi passer pou in
mandrin, djè n’peux maû dè v’prèter des sous! — V’îmez mieux m’lâyi das la m...,
si dj’comprends bin? — Coumme
vès n’compernez rin dû
tout, djè v’propose dè ratrer tchûz mi,
djè v’espiqu’râ d’vant in apèro. — Apèro. V’là âque què dj’comprends
binâji. Aveu des glaçons, comme el sèlo est toulà... — Cè n’est m’ ça qui v’ratchauff’rè
la compernette, mâs tant pîre... | Le 26 février 2023. — Bonjour, la mère! — Oui, bonjour bien sûr! — Ne me demandez pas comment, mais
je sens que quelque chose ne va pas... — Ben, pas besoin d’être
devin, pour ce coup-ci! — On a donc été à vos poules! — On n’avait déjà plus qu’un
distributeur d’argent dans le village. J’ai voulu retirer quelques euros hier,
mais il n’y avait plus rien dans la machine. — Ben, ça arrive, non? — Un samedi! Ils ne sont pas fichus de recharger le vendredi pour tout le week-end,
trop fainéants pour assurer un service convenable! — Oui, mais il y a des machines à
billets un peu partout dans la région... — Vous savez bien qu’il n’y en a
plus tant que ça, et maintenant, si vous voulez des sous, il vous faut une
voiture ou bien vous allez vous faire voir... — Si vous avez besoin, Germaine,
j’ai encore bien quatre sous dans une vieille boîte en carton, je peux vous
dépanner... — Je me fiche de vos sous, Tampir.
Si vous me les donnez aujourd’hui, je devrai vous les rendre demain ou dans
deux ou trois jours. Quand je les prends à la machine, c’est bon, je n’ai rien
à rendre! — Et vous trouvez ça drôle? — Ben oui, ça me coûte le double
chez vous. Quand j’ai payé ce qu’il me fallait, si j’ai pris les sous à la
machine, c’est fini. Ici, je les ai, je les dépense et je dois encore vous les
remettre... — Ah, oui, je comprends... Sauf
que les sous que la machine vous donne viennent de votre compte, moi, si je vous prête 20 euros, c’est du mien. — Et alors? — Ben quand vous les dépensez, ce
que vous avez eu avec les sous, c’est à moi, c’est moi qui paye. Ça veut dire
que pour que ça soit à vous, vous devez me rendre les 20 euros... — C’est bien ce que j’ai dit, je
paie deux fois. — La machine vous donne VOS sous,
moi, je vous prête les miens. — Mais voilà, la machine, ne me donne plus rien. — Ben,
pour ne pas passer pour un mandrin, je ne peux mal dr vous prêter des sous! — Vous préférez me laisser dans la
mouise, si je comprends bien? — Comme vous ne comprenez rien du
tout, je vous propose d’entrer chez moi, je vous expliquerai devant un apéro. — Apéro. Voilà quelque chose que je
comprends facilement. Avec des glaçons, comme le soleil est là... |
El 19 fèvrî 2023.
— Bondjou, mère Grougn’resse.
Qu’est-ç’qu’i gn’è co? Cabinet boûtchi? Pus d’courant? In robinet qui piche? — Pire què ça! — Oho! Si v’ez l’fû à la mâjon, c’est les pompièrs, qu’i faut hutchi! — Vès n’ l’ez m’ à la langue, vous,
el fû! Djè sûs raclose dèvant l’huche! — Vès n’ez m’ sondgi à toquer pou
qu’on v’douvriche dè pa d’das? — Bin... Si djè sûs d’vant l’huche,
djè n’sarous douvri dè d’pa d’das, sacré loûgne vara qu’ v’atez! — Vès
n’allez m’ èm’ dère què
v’ez
clos l’huche èt qu’pou ête sûre,
v’ez tapé vos clés das la boîte aux lettes! — Pfff.... Djè vas m’târe, ça vaut
mieux. Èt v’ez bin râjon, tout compte fât, dè v’foute dè mi... — Nez-a v’assîre cinq minutes, in
heure est co vite voûye. Vès v’calm’rez et on caus’rè tranquill’mat. — Oyi, ça s’rè co mieux. — Vès v’lez n’pètite jatte dè
camamine, ça fât co don bin... — Bounne idée, Jules. Merci brâmat
des côps. — Alors, coummat ç’què vez fât vote
compte? — Dj’â
mins n’nûve huche. Aveu pont
d’cliche su la ruâye. Quand dj’â soûrti,
dj’atous en train d’tchartchi après la
clé das m’satche quand l’huche s’est
r’clapé. La clé est su la taûle dè la
cujine... — Èt vès n’ez m’ atu voir pa drî si
vès n’avins m’ lâyi l’huche sas la froumer à clé? — Siè, Jules, mâs elle est bin
froumâye. — Pont d’fènîte què v’arins lâyi
n’crâye? — Bin siè, mâs c’est la çolle dè ma
tchambe, à l’ètadge! — V’ez toudjous vote chûle das la
cabaûrette? — Vès n’mè voyez m’ bin sûr grimper
su la chûle? — Alors vès v’ez dit què l’bon vîx
couillon d’Jules fârout bin l’affaire pou djouer les alpinisses! — Bin, cè n’est m’ ça... Enfin, djè
veux dère què... — Què c’est bin ça tout d’mîme...
On y va avant ou après l’apèro. — Allans-y direc, si vès v’lez bin.
V’arez doube apèro, èt co n’boutchette pou vote poûne! — Ah, Germaine, vès savez causer
aux hoummes!
Et ç’côp-ci, on peut dère qu’i
gn’è n’rècompense à la... clé! | Le 19 février 2023. — Ah! Tampir, je suis contente de vous trouver chez vous. — Bonjour, mère Grougn’resse.
Qu’est-ce qu’il y a encore? Cabinet bouché? Plus de courant? Un robinet qui fuit? — Pire que ça! — Oho! Si vous avez le feu à la maison, c’est les pompiers, qu’il faut appeler! — Vous ne l’avez pas à la langue,
vous, le feu! Je suis enfermée dehors! — Vous n’avez pas pensé à frapper
pour qu’on vous ouvre de l’intérieur? — Ben... Si je suis dehors, je ne
saurais ouvrir de l’intérieur, espèce de bête type que vous êtes! — Ne me dites pas que vous avez
fermé la porte et que pour être sûre, vous avez jeté vos clés dans la boîte aux
lettres! — Pfff... Je vais me taire, ça
vaut mieux. Et vous avez bien raison, en fait, de vous moquer de
moi... — Venez vous asseoir cinq minutes,
une heure est vite passée. Vous vous calmerez et on parlera tranquillement. — Oui, ce sera mieux. — Vous voulez une petite tasse de
camomille, ça fait souvent du bien... — Bonne idée, Jules. Merci beaucoup. — Alors, comment avez-vous fait
votre compte? — J’ai mis une nouvelle porte. Sans
poignée côté rue. Quand je suis sortie, j’étais en train de chercher ma clé
dans mon sac quand la porte s’est claquée. La clé est sur la table de la cuisine... — Et vous n’avez pas été voir
derrière si vous n’aviez pas laissé la porte sans la fermer à clé? — Si, Jules, mais elle est bien
fermée. — Pas de fenêtre
laissée entrouverte? — Ben si, mais c’est celle de ma
chambre, à l’étage! — Vous avez toujours votre échelle
dans la remise? — Vous ne me voyez bien sûr pas
grimper sur l’échelle? — Alors vous vous êtes dit que le
bon vieux couillon de Jules ferait l’affaire pou jouer les monte-en-l’air! — Ben, ce n’est pas ça... Enfin, je
veux dire que... — Que c’est bien ça tout de même...
On y va avant ou après l’apéro. — Allons-y directement, si vous
voulez bien. Vous aurez double apéro, et même un petit baiser pour votre peine! — Ah, Germaine, vous savez parler
aux hommes! Et cette fois, on peut dire qu’il y a une récompense à la... clé! |
El 12 fèvrî 2023. — Bondjou, Germaine. V’allez bin? — Dj’â froid les mîs, èt les pids.
Et vous, ça vèrè? — Djè n’â m’ pus tchaud qu’vous,
mâs djè fâs aveu... — Vès n’ez m’ co essèyi dè
r’fouilli in paû l’méche? — Bin vès n’y atez pus, dè ç’côp-là! I dgeale co par nût la mîtant d’la s’mîne! V’ez fouilli l’vote, dè méche? — Ha! ha! ha!
Djè n’mette pus l’ez d’vant l’huche
dèdp’ûs qu’i fât in paû pus froid.
Coumme v’atez co pa des côps in paû «bouillotte», djè m’dèmandous quoi d’vote coté! — In paû bouillotte! In paû bouillotte! Djè v’fârâ r’marquer qu’das l’lit, c’est vous, qui fayez la bouillotte! — Hé, là, doûç’mat, là, n’allez m’
raconter nos nêutis à tout l’monde! — Bin quoi, i gn’è qu’nos deux,
touci! — Allèz, vès savez bin qu’dj’atans
enrèdgistrés èt qu’tout ç’qu’on dit peut ête li su Facebouc! — Dè quoi! Vès n’voûrins m’, bin sûr! Cobon qu’on n’dit rin d’maû! — Bah,
dj’atans surveillis don
matin à la nût. Aveu les aûtos d’à
ç’t’heûre, on peut dère où
ç’qu’è v’ez atu,
quand, èt pou combin d’taps. Aveu vote cârte
què v’payez vos coummissions, on
peut dère tout ç’què v’mîdgez
èt buvez su la s’mîne, èt c’est pareil
pou
tafât... — Sauf
què dj’n’â pont d’aûto, ni
co d’cârte pou päyi das les magasins... Et djè
n’crois m’ qu’on m’è djà
foûrré
n’pûce das la tîte pou savoir d’où
ç’què dj’vas! — Ça venrè, nè v’tracassez m’! Èt pûs, i n’avant m’ dujette dè ça, vès racontez vote vîe toutes les
s’mînes su Facebouc, alors vès sondgez bin... — Mâs i n’a voyant wâ, èt si i
p’lint voir ma gueûle au carnavau, i s’dèmand’rint bin qui est-ce qui loû z’y
trât n’langue djusqu’aux pids! — N’causez m’ si foûrt, là! Vès s’rins co bin à la gayole avant d’mette vote masque! — Djè n’â m’ dujette d’a mette. — Dj’allous l’dère, mâs c’est co
mieux si c’est vous qui l’dijez... — Èt vous, v’a mettrez inque? — Bin sûr, djè l’â fât fâre su
m’seure, èt djè l’â eû èchoi! — Montrez m’ in paû ça, què d’j
rigoliche plî m’vate! — Vèl’là, wa! — Dè quoi! Mâs, c’est ma figure, ça! Où ç’què v’ez eû ça? Et qué grimace què v’m’ez fât fâre! Ah, vîs câgnou! In paraplaûve, qu’on m’bailliche in paraplaûve! — Allèz, là, Germaine! Vès dijez vous-mîme què v’n’ez m’ dujette d’a mette inque! On v’voirè deux côps das la mîme ruâye! Qu’est-ce què v’vèlez d’pus? V’allez dèv’nu la vedette don quartièr! — Vès savez ç’qu’elle vès dit, la
vedette? — Oh, dj’îme autant n’mi l’savoir...
Vès v’nez penre l’apèro? — Mettez vote apèro à vote cul, lâd
vara! — Oh,
bin, djè mettrâ vote masque
en face dè mi, èt djè penrâ deux grands
apèros pou roublir què v’atez n’grune! | Le 12 février 2023. — Bonjour, Germaine. Vous allez
bien? — J’ai froid les mains, et les
pieds. Et vous, ça va? — Je n’ai pas plus chaud que vous,
mais je supporte... — Vous n’avez pas encore essayé de
bêcher un peu le jardin? — Ben vous n’y êtes plus, cette
fois! Il gèle encore la nuit la moitié de la semaine! Vous avez bêché le vôtre, de jardin? — Ha! ha! ha! Je ne mets plus le nez dehors depuis qu’il fait un peu plus froid. Comme
vous êtes encore parfois un peu «bouillotte», je me demandais quoi de votre côté! — Un peu bouillotte! Un peu bouillotte! Je vous ferai remarquer qu’au lit, c’est vous, qui faites la bouillotte! — Hé, là, doucement, allons,
n’allez pas raconter nos nuits à tout le monde! — Ben quoi, il n’y a que nous deux,
ici! — Allez, vous savez bien qu’on est
enregistrés et que tout ce qu’on dit peut être lu sur Facebouc! — Comment! Vous ne voudriez pas, bien sûr! Encore heureux qu’on ne dit rien de mal! — Bah, on est surveillés du matin
au soir. Avec les voitures d’aujourd’hui, on peut dire où vous êtes allée,
quand, et pour combien de temps. Avec votre carte avec laquelle vous payez vos
courses, on peut dire tout ce que vous mangez et buvez sur la semaine, et c’est
pareil pour tout... — Sauf que je n’ai pas d’auto, ni
de carte pour payer dans les magasins... Et je ne crois pas qu’on m’ait déjà
fourré une puce dans la tête pou savoir où de vais! — Ça viendra, ne vous en faites pas! Et ils n’ont pas besoin de ça, vous racontez votre vie toutes les
semaines sur Facebouc, alors vous pensez bien... — Mais ils ne voient pas grand-chose,
et s’ils pouvaient voir ma gueule au carnaval, ils se demanderaient bien qui
leur tire une langue jusqu’aux pieds! — Ne parlez pas si fort, donc! Vous seriez encore bien en prison avant de mettre votre masque! — Je n’ai pas besoin d’en mette. — J’allais le dire, mais c’est
d’autant mieux si c’est vous qui le dites... — Et vous, vous en mettrez un? — Bien sûr, je l’ai fait faire sur
mesure, et je l’ai reçu hier! — Montrez-moi un peu ça, que je
rigole plein mon ventre! — Tenez, le voilà! — Quoi! Mais, c’est ma figure, ça! Où avez-vous eu ça? Et quelle grimace vous m’avez fait faire! Ah, vieux tordu! Un parapluie, qu’on me donne un parapluie! — Allez, là, Germaine! Vous dites vous-même que vous n’avez pas besoin d’en mettre un! On vous verra deux fois dans la même rue! Que voulez-vous de plus? Vous allez devenir la vedette du quartier! — Vous savez ce qu’elle vous dit,
la vedette? — Oh, j’aime autant ne pas le
savoir... Vous venez prendre l’apéro? — Mettez votre apéro où je pense,
mauvais bien — Oh, ben je mettrai votre masque
en face de moi, et je prendrai deux grands apéros pour oublier que vous êtes
une grincheuse! |
El 5 fèvrî 2023. — Bondjou, Tampir — Bondjou, Grougn’resse. V’atez
toulà, c’est co mî qu’el sèlo... — Djè n’sais djamâs, aveu des
dijâyes pareilles, si vès v’foutez d’mi ou si vès m’fayez in complîmat... — Quand on è in doute su âque,
Germaine, i faut toudjous tchoisi l’coté pôsitif. — Oyi, p’t-ête, mâs aveu vous, on
n’sait djamâs non pus ç’qu’est pôsitif... — Bon, bin, djè n’dèrâs pus rin... — V’ez oï causer d’in lîve qui
d’vous sorti inque dè ces quate, ècrit èt raglèné pa l’Edmond d’la Creux — I m’sène què dj’a oï causer d’ça.
In houmme d’Habâ, noume — Oyi. On va co s’a r’payi
n’gavâye. Paraît qu’i-l a raconte des bounnes — Faurè co tout d’mîme rawarder in
paû, ça s’rout pou l’mois d’mai. — Dijez, Jules, vès counn’chez
ç’nom-là à Habâ — Les dgens d’Habâ l’counn’chant
bin. C’est l’Edmond Garant. Eune dè ses fèyes est prèsidente dè l’Acadèmie
Luxembourgeoise... — Aha. Ça m’è fât r’sondgi au Colâs
Bâbisse. Djè rigole co toute seûle pa des côps e r’sondgeant à ces zigomars-là
qu’avint si bon d’viqui — Djè crois qu’ça s’rè bin l’prèmî côp
qu’on va causer d’zoux à la Foire don Lîve dè Bruxelles... — Bin... I n’allant m’ bin sûr y
n-aller dèdicacer, i gn’è belle lurette qu’i sant moûts — Bin,
vès savez, i gn’è tout plî
d’lîves à la Foire qu’ant atu écrits pa
des dgens qui sant moûts dèdpûs co bin
pus longtaps — Bin oyi, djè sûs pa des côps in
paû loûgne... — Ôôôhhh Pa des côps... In paû... — Djè m’a vas. — D’où ç’què v’allez — R’quîre èm’ paraplaûve pou vès
l’broyi su la margoulette — N’ez-a tchûz mi, dj’a-n â in
nouvî, èt djè v’paye l’apèro pou v’mette en bounne condition. — Allez, amoûnez l’porto. — Tènez, v’là m’paraplaûve. — Mâs, vara, c’est inque en carton — Ah bin ça, vara d’torî, vès m’ez
bin eûe — Djè v’rassure : l’porto, c’est
don bon PAF - POUF - BING - BLIND
DÈGLING BIDIGLING... — Merte — Bin, l’porto, ça s’rè pou in aute
côp. Dj’â tout d’mîme ène bosse au front, aveu l’paraplaûve en carton | Le 5 février 2023. — Bonjour, Tampir — Bonjour, Grougn’resse. Vous êtes
là, c’est encore mieux que le soleil... — Je ne sais jamais, avec ce genre
de propos, si vous vous foutez de moi ou si vous me faites un compliment... — Quand on a un doute sur quelque
chose, Germaine, il faut toujours choisir le côté positif. — Oui, peut-être, mais avec vous,
on ne sait jamais non plus ce qui est positif... — Bon, ben, je ne dirai plus
rien... — Vous avez entendu parler d’un
livre qui devrait sortit un de ces quatre, écrit et recueilli par l’Edmond d’la
Creux — Il me semble que j’ai entendu
parler de ça. Un homme d’Habay, n’est-ce pas — Oui. On va encore s’en repayer
une tranche — Faudra encore patienter un peu,
ce serait pour le mois de mai. — Dites, Jules, vous connaissez ce
nom-là à Habay — Les gens d’Habay le connaissent
bien. C’est l’Edmond Garant. Une de ses filles est présidente de l’Académie
Luxembourgeoise... — Aha. Ça m’a fait repenser au
Colâs Bâbisse. Je rigole encore toute seule, parfois, en resongeant à ces
zigomars-là qui avaient si bon de vivre — Je crois que ce sera bien la
première fois qu’on va parler d’eux à la Foire du Livre de Bruxelles... — Ben... Ils ne vont bien sûr pas y
aller dédicacer, il y a belle lurette qu’ils sont morts — Ben, vous savez, il y a beaucoup
de livres à la Foire qui ont été écrits par des gens qui sont morts depuis bien
plus longtemps encore — Ben oui, je suis parfois un peu
bébête... — Ôôôhhh... Parfois... Un peu... — Je m’en vais. — Vous allez où — Rechercher mon parapluie pour
vous le fracasser sur la figure — Venez chez moi, j’en ai un
nouveau, et je vous offre l’apéro pour vous mette en bonne forme. — Allez, apportez le porto. — Tenez, voilà mon parapluie. — Mais, bon sang, c’est un en
carton — Je vous rassure : le porto, c’est
du bon PAF - POUF - BING - BLIND
DÈGLING BIDIGLING... — Merde — Ben, le porto, ce sera pour une
autre fois. J’ai quand même une bosse au front, avec le parapluie en carton |
El 28 djanvî 2023. — Bondjou, mère Grougn’resse.
V’allez bin — I vaut mieux dère qu’oyi, on a-n
arout pou des heures à dèbâller les misîres — Alors djè dèrans qu’tafât va bin — Vès savez bin qu’les taûles dè
canladges allant r’penre en mârs... — Oyi, dj’a-n â oï causer. Mâs i-s
allant tchîdgi la formule. — Ah — Siè, mâs i n’faut m’ roublir què
l’but des taûles, c’est qu’les dgens qui y venrant s’rèmettinchent à causer
l’gaumais, à causer pa zoux-mîmes. I-z avant eu l’occâsion d’rècolter don
vocabulaire, à ç’t’heure, on va les y fâre mette les mots das zoûs phrâses — Bin ça, c’est la bounne idée — L’idèâl,
c’est qu’tous ceux qui
v’nint l’annâye qu’è voûye
rèvninchent aveu in afant, mîme grand, pou fâre
èrviqui l’langadge... — Bin
oyi... Mâs el djûdi à cinq
heûres èt d’mîe d’la nût,
cè n’s’rout p’t-ête pus la bounne
heûre... — Les çounes qui moûnant les taûles
atant tourtous à la r’traîte. I p’lant fâre ça quand on veut... — I-l
est bin sûr ètout qu’si on
n’les fât qu’à eune place, on
n’voirè djamâs qu’les dgens qui
n’viquant m’ bin
lon... — C’est inque des problèmes...
Surtout qu’i gn’è pont d’associâtion qui poûrrout penre les contacts pour
organiser des taûles das les villadges, dans l’sûd coumme das l’nôrd. On
n’touche wâ d’monde a d’morant djusse tchûz l’Glaude. — On n’a fârout pus toulà — Wâye siè, allez, i gn’è pont
d’râjon d’arrèter. Mâs on poûrrout bin èchampler les taûles das les autes
règions d’la Gaume. — Bin oyi, ça s’rout n’bounne idée.
On peut toudjous voir ça aveu les communes, non.net — Oyi. Djusquè touci, i gn’è
qu’Vîrton qu’è ratré das la convention aveu la Coummunauté française... On
n’sait si les autes voûraint sout’nu les taûles... — Faûrout djusse les y d’mander...
On s’rout p’t-ête bin ètounnés... — Oyi, ratrans pou a causer d’vant
n’jatte. | Le 28 janvier 2023. — Bonjour, mère Grougn’resse. Vous
allez bien — Il vaut mieux dire que oui, on en
aurait pour des heures à déballer les misères — Alors nous dirons que tout va
bien — Vous savez que les tables de
conversation vont rependre en mars... — Oui, j’en ai entendu parler. Mais
ils vont changer la formule. — Ah — Si, mais il ne faut pas oublier
que l’objectif des tables, c’est que les gens qui y viendront se remettent à
parler le gaumais, à le parler par eux-mêmes. Ils ont eu l’occasion de récolter
du vocabulaire, maintenant, on va leur y faire mettre les mots dans leurs
phrases — Ben ça, c’est la bonne idée — L’idéal, c’est que tous ceux qui
venaient l’année passée reviennent avec un enfant, même grand, pour faire
revivre le langage... — Ben oui... Mais le jeudi à cinq
heures et demie, ce ne serait peut-être plus la bonne heure... — Ceux qui animent les tables sont
tous à la retraite. Ils peuvent faire le boulot quand on veut... — Il est bien sûr aussi que si on
ne les fait qu’à un endroit, on ne verra jamais que les gens qui habitent dans
les environs... — C’est un des problèmes... Surtout
qu’il n’y a pas d’association qui pourrait prendre les contacts pour organiser
des tables dans les villages, dans le sud comme dans le nord. On ne touche pas
beaucoup de monde en restant uniquement chez le Glaude. — On n’en ferait plus là — Bien sûr que si, allez, il n’y a
pas de raison d’arrêter. Mais on pourrait bien essaimer dans les autres régions
de la Gaume. — Ben oui, ce serait une bonne
idée. On peut toujours envisager cela avec les communes, non — Oui. Jusqu’ici, il n’y a que
Virton qui soit entrée dans la convention avec la Communauté française... On ne
sait si les autres voudraient soutenir les tables... — Il faudrait simplement leur
demander... On serait peut-être bien surpris... — Oui, rentrons pour en parler
devant une jatte. |
El 16 djanvî 2023. — Bondjou, Tampir — Wâye, c’est note Germaine, wa — N’vènez m’djà v’foute dè mi tout
au dèbut d’ l’annâye, là — Tâjez-v’,
allez... Djè v’la
souhâte tout d’mîme bounne èt
heûreûse. Aveu don s’lo (qui coummace à
s’fâre
trop râre) èt des bounnes tchôses tout au long
d’ l’annâye — Djè v’ravoûye les mîmes vœux,
Jules. Ça y est, l’Frego è fât d’dèmènadgi — Oyi, vèl’là bin pâjèle à Sî-Mâd. — Eh, là, on n’dout m’ dère
Saint-Mâd — C’est
toulà coumme pa d’ t’avau,
Germaine, d’ène ruâye à l’aute, on
n’dit m’ les tchôses dè la mîme
manière...
Vès venrez choûter n’tchanson
qu’dj’â eû su CD l’aute djou, où
ç’qu’ène feumme
tchante « — V’atins l’17 décembe au Cente
Communautaire dè Sî-Mad — Oyi, èt dj’ans bin rigolé. La
tèlè èt l’posse ataint su place, mâs mi les gazettes. — Bin
non.net, allez, in sam’di au
matin, on n’boudge pus, la s’mîne è fâte
el venr’di à la nût. Vès doûrains
l’savoir, noume. — Put-ête.
Mâs i doûrains savoir
ètou qu’les p’tites mâjons
d’èdition n’avant m’ les moyens d’avoyi
tout plî
d’services dè presse, à cause què ça
coûte trop tchér, ç’atout prèvu
d’les
bailli su place. Bah, ça s’vade bin, c’est
l’principâl. — Dijez,
Tampir, v’allez bin sûr
n-aller à la foire don lîve à Îthe, au
terrain d’fotballe, les 21 èt 22 qui
v’nant. Tout plî d’lîves à 1 euro,
èt co mîme à mîtant prix
l’dîmatche. — Dj’y verâ aveu l’Frego qui tint in
stand dè Ma p’tite Édition. I-l arè deux troîs tchoses à in euro, èt pûs i
vadrè aveu des grosses ristoûnes in paquet d’lîves dè ses èditions. — Djè
vèrâ fâre in tou. Dj’a
profît’râ pou n-aller mîdgi âque
dè bon tchûz l’Glaude. Et voir si les taûles
dè canladges èrcoummaçant bintot. — Mi
tout d’chûte, Germaine. Elle
allant tchîdgi in paû d’manière. Elles
rècoummaç’rant en fèvrî si i
n’fât m’
trop froid, sinon, ça s’rè en mârs. — Dijez, quéle heure qu’il est — Hè hè... Djè v’vois v’nu | Le 16 janvier 2023. — Bonjour, Tampir — Ben, c’est notre Germaine, tiens — Ne venez déjà pas vous payer ma
tête tout au début de l’année, là — Taisez-vous, allez... Je vous la
souhaite tout de même bonne et heureuse. Avec du soleil (qui commence à se
faire trop rare) et des bonnes choses tout au long de l’année — Je vous retourne les mêmes vœux,
Jules. Ça y est, le Frego a fini de déménager — Oui, le voilà bien tranquille à
Sî-Mâd. — Eh, là, on n’doit pas dire
Saint-Mâd — C’est là comme partout, Germaine,
d’une rue à l’autre, on ne dit pas les choses de la même manière... Vous
viendrez écouter une chanson que j’ai eue sur CD l’autre jour, où une femme
chante « — Vous étiez le 17 décembre au
Centre Communautaire de Saint-Mard — Oui, et on a bien rigolé. La télé
et la radio étaient sur place, mais pas les gazettes. — Ben non, allez, un samedi matin,
on ne bouge plus, la semaine est finie le vendredi soir. Vous devriez le
savoir, n’est-ce pas. — Peut-être. Mais ils devaient
savoir aussi que les petites maisons d’édition n’ont pas les moyens d’envoyer
tout plein de services de presse, parce que cela coûte trop cher, et il était
prévu de les remettre sur place. Bah, ça se vend bien, c’est le principal. — Dites, Tampir, vous allez bien
sûr aller à la foire du livre à Èthe, au terrain de football, les 21 et 22
janvier. Tout plein de livres à 1 euro, et encore même à moitié prix le
dimanche. — J’y serai avec le Frego qui tient
un stand de Ma p’tite Édition. Il aura quelques publications à 1 €, et puis il
vendra avec des grosses ristournes un tas de livres de ses éditions. — J’irai faire un tour. J’en
profiterai pour aller manger quelque chose de bon chez l’Glaude. Et voir si les
tables dr conversation recommencent bientôt. — Pas tout de suite, Germaine. Elle
vont changer in peu de formule. Elles recommenceront en février s’il ne fait
pas trop froid, sinon, ce sera en mars. — Dites, quelle heure est-il — Hé hé... Je vous vois arriver |
El 6 nôvembe 2022. Bondjou à tourtoutes, à tourtous èt aux aûtes aveu. El père Tampir èt la mère Grougn'resse pernant in paû d'condgis. I-s avant d'la b'sougne aveu l'Frego qui mette tafât das des caisses pour transférer sa boutique. Coumme on les counneut, i-s allant sûr fâre ène provision d'pètites histoires qui n's'rant m' piquée des vîvches. Quand i r'venrant, djè crois qu'on rigol'rè n'bounne gavâye! | Le 6 novembre 2022. Bonjour à toutes, à tous et aux autres aussi. Le
père Tampir et la mère Grougn'resse prennent quelques
temps de congé. Ils ont du boulot
avec le Frego qui emballe tout dans des caisses pour
déménager. Comme on les connaît, ils vont à
cou sûr faire une provision
d'anecdotes qui ne seront pas piquées des vers. Je crois que
quand ils
reviendront, on va se payer une bonne tranche de rire! |
El 30 d'octôbe 2022. — Bondjou, Tampir! — V’allez bin, mère Grougn’resse? — I m’sène què l’arrière-saison è
bin don maû dè s’mette en place! — Elle è bin l’taps, Germaine, elle
è bin l’taps! — Oyi, bin sûr. On è bin l’taps
d’avoir des factures pou l’tchauffadge ètou! — I va co fâre bî deux-troîs djous,
èt pûs on voirè bin... — Dè toute manière, ça va co ète in
dèbut d’sèmîne dè merte! — Pouquoi, Germaine, i doit v’a
tchûre ène maûvaîse su l’chignon? — Faut tchîdgi les heures, Jules co
in côp! Ça m’foute en l’air, mi, ça! — Dèd’pûs l’taps qu’i dijant qu’
c’est l’dârin côp... Èt on sait pourtant bin qu’quand les politiques dijant
âque, c’est tchaque côp eune mente èt qu’i-s allant fâre el contraire! — Èt
dèd’pûs l’taps qu’on dit qu’on
n’vèrè pus vôter, on est djusse coumme zoux,
on fât tchaque côp l’contraire.
Les bull’tins d’vôte èn’ valant m’
soûlmat la poûne d’ête accrotchis das les
cabinets! — I n’sant m’ tourtous pûrris, don,
Germaine. — Non-nèt, les politicards, c’est
coumme vès dijez pou les feummes : i gn’a-n è deux soûrtes : les maûvais... èt
les co pus maûvais! — V’atez co bin r’montâye anû! — I gn’è d’quoi! V’ez vû les prix d’la bouffe pou les bîtes, les tchats èt les tchins? — Oyi, ça fât partie des grosses
augmentâtions. — Vès savez, Jules, les dgens qui
n’avant pus d’famille èt qui n’ant wâ d’sous, i n’avant souvat pus qu’zoû
compagnon... ça loû z-y fât maû das l’poûrtenènnoûye ètou! — Èt on s’lâye fâre, c’est vrâ. On
s’lâye rûner l’tra qu’les lobbys pichant des liards das les potches qu’atant
d’jà tro bin raplîes... — Jules,
djè va soûrti m’vî drapeau
beldge èt l’mette en berne à ma f’nîte.
Èt si on vint m’dèmander qué misîre
qui
mette el pays en deul, djè r’pondra qu’c’est
la boûche des paûves dgens qu’è
mouri d’fî èt les paûves dgens sant bin
prètes d’a fâre autant. — Vès coun’chez bin l’pètit René
d’en bache, Germaine. — Oyi, Jules, i fât sûr partie des
dgens qu’ant atu roublis pa tourtous. — I vint dîner aveu nous. — Oho. On n’doûrè m’ es’ pinci
l’nez? — V’a tchûrez su vote cul,
Germaine. Ces dgens-là avant co d’l’hounneûr èt don respect. Il vint d’arriver,
rècuré èt prope su lu. — Djè sûs sûre qu’i-l îme bin
l’porto. — Djusse,
Germaine, mâs i m’è
averti qu’i n’boirout m’ tout plî,
paç’qu’i n’è pus l’habitude des
apèros et
don vin... — In houmme qu’è toudjous atu
hounnîte, on va essayi dè l’fare rigoler in paû... Ah bondjou, René, v’allez
bin? — Wâye, c’est bin la Germaine, djè
crois! Bin vès radjônichez, ma parole! — Dijez, cè n’est m’ paç’qu’on è
dit qu’on allout v’fâre rigoler qu’i faut coummaci à v’foute dè mi, hein! — Allèz, Germaine, René, à vote
santé! | Le 30 octobre 2022. — Bonjour, Tampir! — Vous allez bien, mère
Grougn’resse? — Il me semble que l’automne a bien
du mal de s’installer! — Il a bien le temps, Germaine, il
a bien le temps! — Oui, bien sûr. On a bien le temps
d’avoir des factures pour le chauffage aussi! — Il va encore faire beau deux ou
trois jours, et puis on verra bien... — De toute façon, ça va encore être
un début de semaine de m...! — Pourquoi, Germaine, il doit vous
en tomber une mauvaise sur le chignon? — Faut changer les heures, Jules
une fois de plus! Ça md démolit, moi, ça! — Depuis le temps qu’ ils disent
que c’est la dernière fois... Et on sait pourtant bien que quand les politiques
disent quelque chose, c’est toujours un mensonge et qu’ils vont faire le
contraire! — Et depuis le temps qu’on dit
qu’on n’ira plus voter, on est juste comme eux, on fait chaque fois le contraire.
Les bulletins de vote ne valent même pas d’être accrochés dans les toilettes! — Ils ne sont pas tous pourris,
allez, Germaine. — Non, les politicards, c’est comme
vous dites pour les femmes : il y en a de deux sortes : les mauvais... et les
encore plus mauvais! — Vous
êtes encore bien remontée aujourd’hui! — Il y a de quoi! Vous avez vu les prix de la nourriture pour les animaux, les chats et les
chiens? — Oui, ça fait partie des grosses
augmentations. — Vous
savez, Jules, les gens qui n’ont plus de famille et qui n’ont pas beaucoup de sous, ils n’ont souvent plus que leur
compagnon... ça leur fait mal au porte-monnaie aussi! — Et on se laisse faire, c’est
vrai. On se laisse ruiner pendant que les lobbys pissent des liards dans les
poches qui sont déjà trop bien remplies... — Jules, je vais sortir mon vieux
drapeau belge et le mette en berne à ma fenêtre. Et si on vient me demander
quelle misère met le pays en deuil, je répondrai que c’est la bourse des
pauvres gens qui est morte de faim et les pauvres gens sont bien près d’en
faire autant. — Vous connaissez bien le petit
René du bas de la rue, Germaine. — Oui, Jules, il fait sûrement partie des gens qui ont été oubliés par tous. — I vient dîner avec nous. — Oho. On ne devra pas se pincer le
nez? — Vous en resterez comme deux ronds
de flan, Germaine. Ces gens-là ont encore de l’honneur et du respect. Il vient
d’arriver, bien lavé et propre sur lui. — Je parie qu’il aime bien le
porto. — Juste, Germaine, mais il m’a
averti qu’il ne boirait pas beaucoup, parce qu’il n’a plus l’habitude des
apéros et du vin... — Un homme qui a toujours été
honnête, on va essayer de le faire rire un peu... Ah bonjour, René, vous allez
bien? — Tiens, c’est bien la Germaine, je
crois! Ben vous rajeunissez, ma parole! — Dites, ce n’est pas parce qu’on a
dit qu’on allait vous faire rigoler qu’il faut commencer à vous foutre de moi,
hein! — Allez, Germaine, René, à votre
santé! |
El 23 d'octôbe 2022 — Alôrs, Tampir, v’ez atu à
Marbehan èchoi? — Bin sûr, què dj’y atous! Ène belle pètite salle, èt in public bin agrèâbe. — Doummadge què dj’n’avous m’ el
taps... — Vès savez quoi, Germaine? — V’allez sûr mè l’dère... — Dj’atans des jocrisses, des
loûgnes èt des imbèciles! — Bin, causez pour vous, lâd mama! — V’atez das l’lot, Germaine.
Combin d’côps qu’on dit «Djè n’â m’ el taps»? — Bin, si on n’è m’ el taps, c’est
qu’on n’è m’ el taps! — Bin souvat, Germaine, èt mîme
trop souvat, c’est qu’on n’veut m’ PENRE el taps, rin d’aute. — C’est binâji à dère! Dj’avous d’ l’ouvradge, c’est tout! — Ç’què
v’avins à fâre, ça n’mè
rwâte mi. Mâs à ç’t’heûre,
sondgez-y, èt d’mandez-v’ si ç’atout
télmat
indispensâbe què vès l’fayinches èchoi
par nût. — Ç’atout prèvu, èt pûs vèlà! — Bin
vès v’trompez, Germaine. Mi,
à ç’t’heûre, dj’â
prèvu d’ête à 11 heûres pètant
tchûz la Judith don Martiâl.
Coumme djè caûse aveu vous, djè n’y
s’râ m’. Est-ç’ què
d’ête tchûz lîe à
l’heûre (elle nè sait soûlmat
qu’dj’arrive) què dj’m’â
fixé, est pus impoûrtant
què d’caûser n’miette aveu vous? — Bin... C’est vous qui dècidez,
bin sûr. — Tout
djusse, la mère. Coumme
èchoi c’est vous qu’ez dècidé
què ç’què v’avins à fâre
atout pus impoûrtant
qu’la soirée à Marbehan. — Cè n’est m’ la mîme tchôse... — Bin
sûr què si, qu’ c’est la mîme
tchôse. Si v’avins v’nu à la soirée
gaumaise, vès n’arins sû fâre la
b’sougne
d’èchoi anû ou bin d’mî? — Dj’îmous mieux la fâre èchoi... — Vès
voyez bin : v’îmins mieux...
c’est vous qu’avez dècidé. V’arins tout
aussi bin pu dècider d’aller à la
soirée. La soirée, à
ç’t’heûre, c’est fât, vès
n’arez pus l’occasion d’la voir.
La b’sougne què v’ez fât èchoi à
la nû, elle, elle s’rout toudjous toulà anû ou
co mîme dèmî. — On n’sondge mi assez avant dè
n’mi fâre âque, Jules, v’ez râjon. — Èt
v’allez v’nu aveu mi pou penre
l’apèro, èt djè verâ tchûz la
Judith après-mîdi ou bin d’mî. C’est
djusse pou
lî d’mander si elle veut des ècayets, èt les
ècayets s’rant co toulà quand djè
verâ lî d’mander, noume! — Bin oyi, mâs l’apèro qu’on
n’arout m’ prins anû, i s’rè co toulà d’mî ètou. — Ça n’s’rè m’ el çou d’anû,
Germaine, i s’rè voûye, èç’t-i late. — Si v’ez don porto, vès m’arez
convaincu! — A la vote, Germaine, in porto bin
frais! | Le 23 octobre 2022. — Alors, Tampir, vous êtes allé à
Marbehan hier? — Bien sûr, que j’y étais! Une belle petite salle, et un public bien agréable. — Dommage que je n’avais pas le
temps... — Vous savez quoi, Germaine? — Vous allez sans doute me le
dire... — Nous sommes des idiots, des
andouilles et des imbéciles! — Ben, parlez pour vous, vilain
gugusse! — Vous êtes dans le lot, Germaine.
Combien de fois dit-on «Je n’ai pas le temps»? — Ben, si on n’a pas le temps,
c’est qu’on n’a pas le temps! — Bien souvent, Germaine, et même
trop souvent, c’est qu’on ne veut pas PRENDRE le temps, rien d’autre. — C’est facile à dire! J’avais du travail, c’est tout! — Ce que vous aviez à faire, ça ne
me regarde pas. Mais maintenant, pensez-y, et demandez-vous si c’était si
indispensable que vous le fassiez hier soir. — C’était prévu, et puis voilà! — Ben vous vous trompez, Germaine.
Moi, maintenant, j’ai prévu d’être à 11 heures pile chez la Judith du Martial.
Comme je parle avec vous, je n’y serai pas. Est-ce qu’être chez elle à l’heure
(elle ne sait même pas que j’arrive) que je me suis fixée est plus important
que de parler un peu avec vous? — Ben... C’est vous qui décidez,
bien entendu. — Tout juste, la mère. Comme hier
c’est vous qui avez décidé que ce que vous aviez à faire était plus important
que la soirée à Marbehan. — Ce n’est pas la même chose... — Bien sûr que si, que c’est la
même chose. Si vous étiez venue à la soirée gaumaise, vous n’auriez pas su
faire le travail d’hier aujourd’hui ou encore demain? — J’aimais mieux le faire hier... — Vous voyez bien : vous aimiez
mieux... c’est vous qui avez décidé. Vous auriez tout aussi bien pu décider
d’aller à la soirée. La soirée, maintenant, c’est passé, vous n’aurez plus
l’occasion de la voir. Le travail que vous avez fait hier soir, lui, il serait
toujours là aujourd’hui et même demain. — On ne réfléchit pas assez avant
de ne pas faire quelque chose, Jules, vous avez raison. — Et vous allez venir avec moi pour
prendre l’apéro, et j’irai chez la Judith après-midi ou bien demain. C’est
juste pour lui demander si elle veut des noix, et les noix seront toujours là
quand j’irai lui demander, n’est-ce pas! — Ben oui, mais l’apéro qu’on
n’aurait pas pris aujourd’hui, il sera encore là demain aussi. — Ce ne sera pas celui
d’aujourd’hui, Germaine, il sera parti, celui-là... — Si vous avez du porto, vous
m’aurez convaincue! — À la vôtre, Germaine, un porto
bien frais! |
El 16 d'octôbe 2022. — Tampir, v’ez les doigts tout
noirs. V’ez r’tapé l’moteûr dè vote vîe bagnole? — Waye non.nèt, allez, Germaine! Djè n’y counneus rin en mècanique. — Ben alors, dè d’où ç’què ça vint? — Rwâtez d’tout près, v’allez sûr
daviner tout d’chûte! — Aaahhh! Bin oyi! C’est la saison des ècayets! Et vès n’rawardez m’ qu’i tchujinchent, vès les ferdâyez. Èt aveu pont
d’gants, vès les soûrtez d’la vârte coque... — Tout djusse, Germaine. Èt ç’
t’annâye-ci, i gn’a-n è à mambournîche! — Vès m’a wârdrez in ou deux kilos? Dj’â co deux-troîs bounnes rècettes dè d’rî les fagots... — V’a-n arez n’saille si vès v’lez. — Combin ç’què vès m’les vadrez? — Oh, aveu l’prix qu’i les vadant
das les magasins (souvat bin r’trapâyes pour qu’elles sinchent bin pèsantes!), djè crois què dj’va monter in pau l’prix d’la dârinte annâye... — Bin... vès m’les avins bailli,
l’annâye passâye. — Alors vès p’lez compter 10 pour
cent en pus... — Bin, coummat ç’qu’i faut compter? — Comptez qu’ v’arez 10% d’ècayets
en pus... — Dj’îme co bin vote manière
d’augmentâtion. Si les magasins p’laint z-a fâre autant... — I froum’raint zoûs huches pus
vite qu’on n’el sarout dère, Germaine. — Qué èpoque! On a soûrt’rè in djou, vès croyez? — I
faûrè bin, Germaine, mâs djè
n’sais das qué ètat. Si v’ez des sous,
vès comptez qu’v’a soûrtrez mieux qu’les
paûves, mâs cè n’est m’ co si sûr.
Quand el krach des boûches va nous tchûr
dèssus, les gros s’rant das la merde coumme les autes. — Bah, vote ècay’ti s’foute bin des
banques èt co des krachs! I bârè toudjous des ècayets sas d’mander d’pus. — I gn’è des annâyes aveu quaûs’mat
pont, mâs toulà, les grosses panses n’y atant pou rin, c’est la nature. — Vès croyez qu’ça va bintot nous
tchûr su l’coin d’la margoulette? — Djè n’a sais rin. Si on allout
vûdi in guignolet-kirsch a rattadant, el tra qu’i gn’a-n è co? — Bounne idée, ça. Ça fât longtaps
què djè n-n â sifflé! | Le 16 octobre 2022. — Tampir, vous avez les doigts tout
noirs. Vous avez retapé le moteur de votre vieille bagnole? — Ben non, allez, Germaine! Je n’y connais rien en mécanique. — Ben alors, d’où est-ce que ça
vient? — Regardez de tout près, vous allez
sûrement deviner tout de suite! — Aaahhh! Ben oui! C’est la saison des noix! Et vous n’attendez pas qu’elles tombent, vous les gaulez. Et sans gants,
vous les sortez de la coque verte... — Tout juste, Germaine. Et cette
année, il y en a en pagaille! — Vous m’en garderez un ou deux
kilos? J’ai encore deux ou trois bonnes recettes de derrière les fagots... — Vous en aurez un seau si vous
voulez. — À combien me les vendrez-vous? — Oh, avec le prix qu’ils les
vendent dans les magasins (souvent bien retrempées pour qu’elles soient bien
lourdes!), je crois que je vais monter un peu le prix de l’an dernier ... — Ben... vous me les aviez données,
l’an dernier. — Alors vous pouvez compter 10 % en plus... — Ben, on compte ça comment? — Comptez que vous aurez 10% de
noix en plus... — J’aime encore bien votre manière
d’augmenter. Si les magasins pouvaient en faire autant... — Ils fermeraient leurs portes plus
vite que le temps de le dire, Germaine. — Quelle époque! Vous croyez qu'on en sortira ? — I faudra bien, Germaine, mais je
ne sais pas dans quel état. Si vous avez de l’argent, vous comptez que vous en
sortiez mieux que les pauvres, mais ce n’est pas si sûr. Quand le krach
boursier va nous tomber dessus, les gros seront dans la mouise comme les
autres. — Bah, vote noyer se fiche bien des
banques et aussi des krachs! Il donnera toujours des noix sans rien demander de plus. — Il y a des années quasi sans,
mais là, les gros bonnets n’y sont pour rien, c’est la nature. — Vous croyez que ça va bientôt
nous tomber sur le coin de la figure? — Je n’en sais rien. Si on allait
vider un guignolet- kirsch en attendant, tant qu’il y en a encore? — Bonne idée, ça. Ça fait longtemps
que je n’en ai bu! |
El 9 d'octôbe 2022.
— Bondjou, Germaine! Ça vèrè? — Bin... I faurè bin. Djè sûs
coumme tourtous, les gros plîs d’sous n’ant pont d’mau pou arriver à la fin don
mois, mâs les coumme mi... — C’est quoi, l’èlectricité? — L’annâye
passâye, i m’avant co
r’mins 120 euros. Ç’t’annâye-ci, i
faût r’päyi pus d’mille euros. Dj’â
arrèté
ma cûjinière èlectrique. — Vès mîdgez cru èt adgealé? — Djè vas au bos, Jules, aveu ma
p’tite tcharrette à bras, èt djè glane des tchus d’bos. Les boquions lâyant des
grosses chètes èt co des brantches qui n’sant m’ assez grosses pour zoux. Ça
m’convint bin, à mi! — V’ez bin râjon. Dj’avans co la
tchance dè viqui lon des villes, tout près des bos. On peut z’y glaner des
aubussons, des fruts èt co don bos. Les dgens d’la ville n’avant m’ tout ça... — Djè n’â m’ el taps d’les plîde,
Jules, dj’a bin assez aveu mes misîres. I-s avant tafât su place, èt i payant
l’mazout pus bache què touci qu’on s’dèmande bin pouquoi. — Dj’â
ètu au martchi à Vîrton,
venr’di. Si vès v’lez, djè fârâ
n’potâye aveu don chou frîsé. Dj’â
deux-trois
bounnes saucisses, dès feumâyes èt des
salâyes. Quéques plates dè Floraville
aveu ça, èt on s’rè les rois d’la Gaume! — Oyi, les rois d’la Gaume. V’ez oï
dère què la p’tite Marie va froumer s’magasin? — Elle a-n avout causé, mâs i
gn’avout co rin d’fât... — Bin ça y est. Elle è mîme bailli
l’restant d’ses martchandises aux restos don cœur, pou n’mi les foute voûyes. — Dè quoi ç’qu’elle va viqui, à
ç’t’heûre? — Elle
dit qu’elle è in paû
d’rèserves (èt qu’elle froume la boutique
avant qu’i gn’aviche pus rin su
s’compte) èt elle arè n’pètite pension
djusse pou n’mi d’morer das la misîre... — Co bon qu’la mâjon, c’est à lî,
on n’sait coummat ç’qu’elle päy’rout n’locâtion... — Ça n’deur’rè m’, Jules, ça
n’sarout deurer ainla! Les salopards qu’atant en train dè s’rapli les potches su note dos
tchûrant d’bin haut, vès voirez. — Ou
bin les dgens a-n arant plî l’dos, èt co mîme
pus bache, èt on arè n’rèvolution! — A note âdge, qu’est-ç qu’on y
fârout co? — Nez-a, Germaine, dj’allans nous prèparer
aveu in porto dè d’drî les fagots! — V’ez toudjous ç’qu’i faut pou ête
pôsitif, Jules! | Le 9 octobre 2022. — Bonjour, Germaine! Ça va? — Ben... Il faut bien. Je suis
comme tout le monde, les gros pleins de sous n’ont pas de mal pour arriver à la
fin du mois, mais les gens comme moi... — C’est quoi, l’électricité? — L’année passée, ils m’ont encore
remboursé 120 euros. Cette année-ci, il faut repayer plus de mille euros. J’ai
arrêté ma cuisinière électrique. — Vous mangez cru et froid? — Je vais au bois, Jules, avec ma
petite charrette à bras, et je ramasse des bouts de bois. Les bûcherons
laissent des grosses ételles et aussi des branches qui ne sont pas assez grosses
pour eux. Ça me convient bien, à moi! — Vous avez bien raison. Nous avons
encore la chance de vivre loin des villes, tout près des bois. On peut y glaner
des champignons, des fruits et aussi du bois. Les gens de la ville n’ont pas tout
ça... — Je n’ai pas le temps d’les
plaindre, Jules, j’ai bine assez avec mes misères. Ils ont tout sur place, et
ils paient le mazout moins cher qu’ ici et on se demande bien pourquoi. — J’ai été au marché à Virton,
vendredi. Si vous voulez, je ferai une potée avec du chou frisé. J’ai quelques
bonnes saucisses, des fumées et des salées. Quelques plates de Florenville avec
ça, et on sera les rois de la Gaume! — Oui, les rois d’la Gaume. Vous
avez entendu dire que la petite Marie va fermer son magasin? — Elle e-n avait parlé, mais il n’y
avait encore rien de fait... — Ben ça y est, Jules. Elle a même
donné le reste de ses marchandises aux restos du cœur, pour ne pas les jeter. — De quoi va-telle vivre,
maintenant? — Elle dit qu’elle a un peu de
réserves (et qu’elle ferme la boutique avant qu’il ne reste rien sur son
compte) et elle aura une petite pension juste pour ne pas rester dan la
misère... — Encore heureux que la maison,
c’est à elle, on ne sait comment elle paierait une location... — Ça ne durera pas, Jules, ça ne
saurait durer comme ça! Les salopards qui sont en train de se remplir les poches sur note dos
tomberont de bien haut, vous verrez. — Ou bien les gens en auront plein
le dos, et même plus bas, et on aura une révolution! — À notre âge, qu’est-ce qu’on y
ferait encore? — Venez,
Germaine, nous allons nous préparer avec un porto de derrière les fagots! — Vous avez toujours ce qu’il faut pour
être positif, Jules! |
El 25 septembe 2022. — Bondjou, Germaine. I-l è d’jà fât
pus tchaud qu’on n’allout m’ bagni, noume don! — Mon djeu, Tampir, i n’fât m’ co
si adgealant, là, i n’faut m’ exadgèrer! — Bin, gn’è des moumats qu’j’â les
pids coumme des mujîs d’tchins! — A m-n avis, c’est quand les
tchins avant les pattes coumme des mujîs d’Tampir. — Tant qu’i n’avant m’ ène aussi
mauvaise langue qu’ène mère Grougn’resse, on resse co das l’bon taps... — Ça m’fât sondgi qu’la mère
Tapedeur m’è ramoûné in paraplaûve, dj’arous dû l’penre aveu mi... — Haye, là, Germaine, on n’va m’co
r’coummaci, noume? — El
gachon don Bertrand, das
l’bache don villadge, fât n’bounne rèclame pou
la tchâ d’pouchî qu’on fât
l’pâté d’tchâ. Djè m’vas
z-a quîre pou l’mîtant d’la s’mîne. — V’atez sûre què c’est co l’moumat? — Pou l’pâté d’tchâ, i gn’è pus
d’moumat, on doûrout z-a fâre tout l’long d’l’annâye. — Djè v’cause dè la rèclame! Ç’atout djusqu’à venr’di, i m’sène... — Oooh! Bin dj’arâ co maû li! Vè m’là rasâye pou ç’sèmîne-ci! Ah nom des dj... — Djè v’fâs n’propôsition,
Germaine. — Hounnîte, pou in côp? — V’a
fârez ç’què v’voûrez. Mi,
dj’â atu quîre èç’ qu’i
m’follout djûdi. Adon mes pâtés sant
prêtes dèd’pûs
sam’di à la nût, èchoi. Coumme djè
vois què v’badîvez après âque dè
bon, on
peut les attaquer pou dîner anû, dîmatche.
Qu’est-ce què v’a dijez? — V’ez co fât vote marinâde aveu
des unions, bin sûr? — Dj’a-n
a mins, djè nè l’catche
mi. Èt dj’a-n â lâyi d’das pou
cûre aveu. Mâs dj’â mins pus
d’èchalotes què
d’unions. — Combin d’us, das la pâte? — V’a-n avez co brâmat, des bétes
questions ainla?
Paç’què si mes pâtés
n’vès plâjant m’ vès n’ez
qu’a n-aller v’fâre cûre
in u su l’plat tchûz la mère Tatane! — V’ez toudjous fât les meilleûrs
pâtés das l’villadge, Jules. — Djè
n’sais djamâs, aveu vous, si
v’îmez bin dè m’fâre aradgi ou si
vès r’tcheujez toudjous su vos pattes à cause
dè vote vate... — El tra qu’v’ î sondgez èt què
v’dècidez quoi, djè m’va r’quîre ène bounne bouteille! — Bon, dèpîtchez-v’. Djè vûde el
Zigomar. | Le 25 septembre 2022. — Bonjour, Germaine. Il a déjà fait
plus chaud qu’on n’allait pas baigner, hein... — Mon dieu, Tampir, il ne fait pas
encore si glacial, là, il ne faut pas exagérer! — Ben, il y a des moments où j’ai
les pieds comme des museaux de chiens! — A mon avis, c’est quand les
chiens ont les pattes comme des museaux de Tampir. — Tant qu’ils n’ont pas une aussi
mauvaise langue qu’une mère Grougn’resse, on reste encore dans le bon temps... — Ça me fait penser que la mère
Tapedur m’a rapporté un parapluie, j’aurais dû le prendre avec moi... — Allons, Germaine, on ne va pas
recommencer, hein? — Le fils du Bertrand, dans le bas
du village, fait une bonne promotion sur la viande de porc pour le pâté de
viande. Je vais en chercher pour le milieu de la semaine. — Vous êtes sûre que c’est encore
le moment? — Pour le pâté de viande, il n’y a
plus de moment, on devrait en faire tout au long de l’année. — Je vous parle de la réclame! Ç’était jusqu’à vendredi, je crois... — Oooh! Ben j’aurai encore mal lu! Me voilà rasée pour cette semaine-ci! Ah nom des d... — Je vous fais une proposition,
Germaine. — Honnête, pour une fois? — Vous en ferez ce que vous
voudrez. Moi, j’ai été chercher ce qu’il me fallait jeudi. Donc mes pâtés sont
prêts depuis samedi soir, hier. Comme je vois que vous avez envie de quelque
chose de bon, on peut les entamer pour dîner aujourd’hui, dimanche. Qu’est-ce
que vous en dites? — Vous avez encore fait votre
marinade avec des oignons, bien sûr? — J’en ai mis, je ne le cache pas.
Et j’en ai laissé dedans pour la cuisson. Mais j’ai mis plus d’échalotes que
d’oignons. — Combien d’œufs, dans la pâte? — Vous en avez encore beaucoup, des
bêtes questions comme celle-là? Parce que si mes pâtés ne vous plaisent pas vous n’avez qu’a aller vous
faire cuire un œuf sur le plat chez la mère Tatane! — Vous avez toujours fait les
meilleurs pâtés du village, Jules. — Je ne sais jamais, avec vous, si
vous aimez bien de me charrier ou si vous retombez toujours sur vos pattes à cause
de votre ventre... — Le temps que vous y réfléchissez
et que vous en décidez, je vais rechercher une bonne bouteille! — Bon, dépêchez-vous. Je sers le
porto Zigomar. |
El 18 septembe 2022. — Germaine! Germaine! Germaîîîîne! — Hello, el sèlo r’lût, r’lût,
r’lût! Hello... — Germaine, nom des... — Quoi don? Qui ç’qui breûle ainla? — Bin sacrée breûl’resse vous-mîme,
v’atez choûrde, don? Ça fât in heûre què djè v’hutche! — Èt qu’est-ç’ què v’vèlez? Djè rèpète pou la chorâle! — Pou la chorâle? I v’avant r’cruté? — Dj’â propôsé mes services,
Mossieur, èt i-s avant atu binâjes dè dère oyi! — Ben ç’n’est m’ vrâ, bin sûr? V’ez tchanté d’vant zoux? — Mi co, mâs ça va v’nu. — Les malheûreûx... Djè les plîde. — Èt pouquoi, s’i vous plaît? — Germaine, vès savez bin què
v’tchantez coumme ène vîe cass’role au cul tout dèmailli! — I gn’è qu’in lâd vî niche mounâme
maû èduqué pour causer ainla! A r’lez-v’ z-a tchûz vous!
Vès n’y counn’chez d’aboûrd rin dû
tout èt vès v’meulez d’tafât! BROLOM BROLOM BROLOOOOOMMMM!... — Bin ça, follout s’y rattade! Oï breûler l’sèlo r’lût pa n’banse agricole ainla, i n’pouvout rin fâre
d’aute què dè s’mete à tounner! Et tchès, v’là qui drache aussi sec! — Banse agricole! Banse agricole!
V’ez co d’la tchance qu’i mè
l’faurè t’à l’heûre pou n-aller
tchanter
aveu les autes paç’què djè
v’fracass’rous m’grand noir pèpin su
l’mujî! Banse agricole! Djè v’dèmande in paû! Où ç’què v’allez les quîre, don? — Djè n’â m’ dujette d’aller bin
lon, Germaine. C’est d’vant mi! — Tant pis pou t’à l’heûre! Tchès, èt co in côp, èt co in aute! BOM BOM BOM BOM BOM ! — V’là qui r’tounne co, wa! — Non.net, hé loûgne, on boque à
vote huche! — Ratrez! — Dijez, v’arez binto fât toutes
vos breûl’ries, là-d’das?
Dj’a m’pètit valet (l’afant d’ma
fèye) qui n’è djà wâ sonré par
nût, èt djè
voûrous bin qu’i s’rèpôsiche! — Bin, Gaston... Djè... Djè rèpète
pou la chorâle... — Èt vès n’savez fâre ça tout bache?
Djè sûs sûr què les dgens d’Mâdy
sant su zoûs huches pou essayi d’voir dè
d’où ç’qu’i vint l’bazar! — Mettez
l’afant das la poûssette
èt allez-a loû z-y dère, ça
bîch’rè ç’pètit là
èt vès m’foutrez la paix! — Ah! Vî chameau, qu’v’atez! Vès tchantez coumme ène vîe cass’role... — ... Au cul tout dèmailli, on vint
d’jà d’mè l’dère! — Coummat ç’qu’on arout pont
d’horlâyes èt d’caberlâyes aveu ça! — Foutez m’ el camp tous les deux,
vès n’atez qu’deux maûvaises guêules! — Haye, c’est bon, allez v’fâre
cûre in u! Nez-a, Jules, djè v’paye l’apèro. — Merci,
Gaston. Èt si v’pètit
valet s’mette à brâilli, ça s’rè
toudjous pus doux què ç’qu’on vint
d’oï. BLING ZING DONG DÈZING!!! — Ouf, on l’è chappé belle! El pauve vâse, i n’a p’lout pourtant rin, lu... | Le 18 septembre 2022.
— Germaine! Germaine! Germaîîîîne! — Hello, le soleil brille, brille,
brille! Hello... — Germaine, nom des... — Quoi donc? Qui est-ce qui hurle comme ça? — Ben sacrée hurleuse vous-même,
vous êtes sourde, donc? Ça fait une heure que je vous appelle! — Et qu’est-ce que vous voulez? Je répète pour la chorale! — Pour la chorale? Ils vous ont recrutée? — J’ai proposé mes services,
Monsieur, et ils ont été heureux de dire oui! — Ben ce n’est quand même pas vrai? Vous avez chanté devant eux? — pas encore, mais ça va venir. — Les malheureux... Je les plains. — Et pourquoi, s’il vous plaît? — Germaine, vous savez bien que
vous chantez comme une vieille casserole au fond tout démaillé! — Il n’y a qu’un sale vieux mufle
mal éduqué pour parler comme ça! Retournez chez vous! Vous n’y connaissez d’abord rien du tout et vous vous mêlez de tout! BROLOM BROLOM BROLOOOOOMMMM!... — Ben ça, fallait s’y attendre! Entendre hurler le soleil brille par une telle manne agricole, il ne
pouvait rien arriver d’autre que de l’orage! Et tiens, voilà qui pleut à verse aussi sec! — Manne agricole! Manne agricole! Vous avez encore de la chance qu’il me le faudra tout à l’heure pour
aller chanter avec les autres parce que je vous fracasserais mon grand
parapluie noir sur le museau! Manne agricole! Je vous demande un peu! Où allez-vous les chercher, donc? — Je ne dois pas aller bien loin,
Germaine. C’est devant moi! — Tant pis pour tout à l’heure! Tiens, et encore in coup, et encore un autre!
— Voilà qu’il se remet à tonner! — Non, hé andouille, on tape à vote
porte! — Entrez! — Dites, vous aurez bientôt fini
tous vos hurlements, là-dedans? J’ai mon petit-fils (l’enfant de ma fille) qui n’a déjà pas beaucoup
dormi la nuit, et je voudrais bien qu’il se repose! — Ben, Gaston... Je... Je répète
pour la chorale... — Et vous ne savez pas faire ça
tout bas? Je suis sûr que les gens de Montmédy sont sur le pas de leur porte pour
essayer de voir d’où vient tout ce bazar! — Mettez le gosse dans la poussette
et allez leur dire, ça bercera le petit et vous me ficherez la paix! — Ah! Vieux chameau, que vous êtes! Vous chantez comme une vieille casserole... — ... Au fond tout démaillé, on
vint déjà de me le dire! — Comment n’aurait-on pas d’averses
et de trombes d’eau avec ça! — Foutez-moi le camp tous les deux,
vous n’êtes que deux mauvaises gueules! — Allez, c’est bon, allez vous
faire cuire un œuf! Venez, Jules, je vous offre l’apéro. — Merci, Gaston. Et si votre
petit-fils se met à brailler, ça sera toujours plus doux que ce qu’on vient
d’entendre... — Ouf, on l’a échappé belle! Le pauvre vase, il n’y pouvait pourtant rien, lui... |
El 11 septembe 2022. — Ratrez vite, Germaine, v’allez
ramassi la horlâye su l’dos! — Ah! la la! C’est âque tout d’mîme, sacré mille tounnîrres!
Dj’â soûrti dè d’tchûz mi
qu’i gn’avout plî d’sèlo, èt
dj’arrive tchûz
vous qu’il plut! — Vez n’allez m’ bin sûr m’accuser
d’attèrer la plaûve!
Djè voûrous bin, paç’què ça
fât des s’mînes qu’on
m’päy’rout aveu des
pièces d’oûr das tout l’pays! — Tâjez-v’ don, asticot d’cerfû! Si dj’avous sû, dj’arous prins m’pèpin! — Dj’îme autant ainla, c’est pus
sûr pou ma hanette! — Dje n’â pus dujette dè pèpin pou
v’foute eune conrâye si v’atez trop nûjôle! — Lâyez-m’ ad’viner... V’allez
penre des l’çons d’judo ou d’karaté, djè parie! — Djè v’fârous in ô soto gari au
premî mauvais gesse. — Coummat ç’què v’ez dit ça? Auss’tot gari?
Djè n’sûs m’malade, èt djè
n’savous qu’on fayout d’la mèd’cine aveu
l’karaté! — C’est
don judo, hé, ignare bouc!
Wâtez toudjous dè n’mi d’trop
m’tchartchi paç’què djè
v’monterrous
coummat ç’qu’in Dâvid ravûch’rout
in Goliath coumme vous! — Dâvid èt Goliath, à ç’t’heûre! Bin v’atez eune «effrondée»... — Allo,
Tampir, c’est pou rire,
noume. On n’è m’ el droit d’attaquer aveu des
prises dè judo, on peut s’dèfade
si on s’fât agressi, mâs mîme si vès
m’dijains tout plî d’misîres
djusqu’à
m’fâre monter das la pîre des radges, djè
n’poûrrous m’hèrer su vous pou
v’taûgni. — Vè
m’ là rassûré, ma foi. Mâs djè
m’mèfie tout d’mîme :
vèr’là l’sèlo, vès plez
continuer vote tchèmin... — Ah
bin c’est dgentil d’vote pârt
dè m’foute à l’huche ainla... Mâs si
djè m’crampounne èt què
dj’m’assîs pou
m’incruster... qu’est-ç’què
v’allez fâre, hein? — Djè
n’fâs pont d’judo, mi,
Germaine, èt si djè veux v’apougni èt
v’foute à l’huche, i n’tint qu’à
mi, èt
vès poûrrains co bin fâre vote risotto garni
què v’s’rins d’vant l’huche avant
d’avoir eû l’taps d’boudgi d’eune patte! — Bin vès n’fârins m’ ça, allons,
Jules? À n’pauve pètite vîe malheûreûse toute faîbe coumme mi! — Bin, djè n’sarous, Germaine. — Bin pouquoi, don, m’pètit Jules
adoré? — Coumme i dijant en wallon, v’là
qu’i rattaque à plûre... — Bon, bin, si v’vèlez, djè va
v’âdi à pèler les crombîres... — Djè n’a mette pont das les
lasagnes. — Djè va dècôper l’saumon a
librettes et cûre les èpinards... — À la bounne heûre. Mi, djè va
passer les pâtes à l’âwe boulante, djusse pou qu’elles s’adaptinchent pus âjimat
das l’plat. La tchâ das sa sauce tomate est d’jà prête... — Vès n’roublîrez m’ la bèchamel
t’à l’heûre, hein! Èt quand on arè fât, i s’rè
l’heûre don porto... — À moins què l’sèlo n’rèvenrout
avant... — Què...? Oh! Mauvais bouc! | Le 11 septembre 2022. — Entrez vite, Germaine, vous allez
ramasser la drache sur le dos! — Ah! la la! C’est quelque chose quand même, sacré mille tonnerres! Quand je suis sortie de chez c'était plein soleil, et il pleut
quand j’arrive chez vous! — Vous n’allez quand même pas
m’accuser d’attirer la pluie! Je voudrais bien, parce que ça fait des semaines qu’on me paierait en
pièces d’or dans tout le pays! — Taisez-vous donc, asticot de
cerfeuil! Si j’avais su, j’aurais pris mon pépin! — J’aime autant comme cela, c’est
plus sûr pour mon crâne! — Je n’ai plus besoin de parapluie
pour vous flanquer une correction si vous êtes trop difficile! — Laissez-moi deviner... Vous allez
prendre des cours de judo ou de karaté, je parie! — Je vous ferais un ô soto gari au
premier geste déplacé! — Comment avez-vous dit ça? Aussitôt gari? Je ne suis pas malade, et je ne savais pas qu’on faisait de la médecine
avec le karaté! — C’est du judo, hé, âne bâté! Gardez-vous toujours bien de trop me provoquer parce que je vous
montrerais comment un David renverserait un Goliath comme vous! — David et Goliath, maintenant! Ben vous êtes une «effrondée»... — Allons, Tampir, c’est pour rire,
hein. On n’a pas le droit d’attaquer avec des prises de judo, on peut se
défende si on se fait agresser, mais même si vous me disiez des tas de misères
jusqu’à me faire monter dans la pire des colères, je ne pourrais pas me jeter sur
vous pour vous battre. — Me voilà rassuré, ma foi. Mais je
me méfie tout de même : revoilà le soleil, vous pouvez continuer votre
chemin... — Ah ben c’est gentil de votre part
de me mettre à la porte comme ça... Mais si je me cramponne et que je m’assieds
pour m’incruster... qu’est-ce que vous allez faire, hein? — Je ne fais pas de judo, moi,
Germaine, et si je veux vous empoigner et vous jeter dehors, il ne tient qu’à
moi, et vous pourriez faire votre risotto garni que vous seriez dehors avant
d’avoir eu le temps de faire le moindre mouvement — Ben vous ne feriez pas ça, hein, Jules? À une pauvre petite vieille malheureuse toute faible comme moi! — Ben, je ne pourrais pas,
Germaine. — Ben pourquoi, donc, mon petit
Jules adoré? — Comme ils disent en wallon, voilà
qu’il recom- mence à pleuvoir... — Bon, ben, si vous voulez, je vais
vois aide à peler les pommes de terre... — Je n’en mets pas dans les
lasagnes. — Je vais découper le saumon en
fines tranches et cuire les épinards... — À la bonne heure. Moi, je vais
passer les pâtes à l’eau bouillante, juste pour qu’elles s’adaptent plus
facilement dans le plat. La viande dans sa sauce tomate est déjà prête... — Vous n’oublierez pas la béchamel tout
à l’heure, hein! Et quand on aura fini, il sera l’heure du porto... — À moins que le soleil ne revienne
avant... — Que...? Oh! Gros méchant! |
El 4 septembe 2022. — Èt alôrs, Tampir, ça vèrè, anû? — Oyi, Germaine, mâs on va co avoir
âque à cèlèbrer en grandes pompes! — Aïe... Èt à propôs d’quoi ç’qu’on
va co s’foute eue treûlâye? — À ç’t’heûre, c’est bin sûr : el
Frego va r’vènu en Gaûme. I va s’instlâller à Saint-Mâd. — Bin, on doûrout dère à Sî-Mâd,
noume don... — A Vîrton, c’est ainla qu’on
l’dit, mâs à la Villette, on è toudjous dit «Saint-Mâd.»
Vès n’ez què d’lîre les ouvradges don
Jean Girardin, èt vès l’voirez bin! — On n’les troûve quaûs’mat pus. — Vès n’arez qu’ d’aller à la foire
don lîve à Étaûle el 8 d’octôbe, i gn’a-n arè, aveu les CD, co bin! — On y vèrè assène, ainla, vès
m’guîdrez si djè sûs trop loûgne pou l’trouver. — Vès plez co les lîre su l’site
frego-et-folio, si v’èlez. — Gn’è la mîtan des pâdges qu’on
n’sait pus les voir pou l’moumat. I paraît què l’gachon n’est m’ co prête. — Qué gachon? — Bin l’çou qu’è l’site tchûz lu,
là, vès savez bin, don! — Vès
v’lez causer don serveûr...
I-l est en train d’mette tafât à djou, mâs i
faûrè co n’pètite sèmîne pou
arriver au tchu. — C’est paç’què l’Frego dèmènadge
qu’i dout tchîdgi d’serveûr, coumme vès dijez? — Non.nèt,
Germaine. C’est paç’què
Proximus ès’ dèhale dè tous les sites
dè ses clients. I ravoûye ça à
n’«filiale», a dijant qu’ça vèrè tout seûl. Oyi, èm’ c... aveu!
Ça lî è d’jà couté 700 euros,
au Frego, èt à ç’t’heûre, i va
päyi pou
l’nom dè s’site èt co pou la place qu’i
s’rè stocké. Ainlà, Proximus fât co
d’ène pierre deux côps : i s’dèhale don
boulot, èt i-l encaîsse èç qu’atout
pou
rin avant tchûz les clients. — On s’fât toudjous pleumer, quoi! — Vès l’ez dit. — Èt l’histoire don s’lo qui n’peut
pus lûre su la Gaûme, c’est arrandgi? — Nènni,
la coummission d’la
Communauté française è in pouvoir absolu,
èt peut ramadgi n’impoûrte qué aulûge
pour âdi les copains et foute les autes à l’huche.
On voirè bin ç’què la
minisse dit d’ça. A rattadant, l’Frego è
claqué les huches, èt i-l est avoyi
l’comité d’labellisâtion des communes à
la gâre. — I-l è bin fât. I-l est bin sûr,
ainla, dè n’mi s’rètrouver aveu les mounâmes don vî Feller qui n’counn’chant
rin au gaumais èt qui foutant n’dictâteure infernâle. — Dijez, Germaine, c’est co in paû
vite pou fâre la fîte don r’tou en Gaûme, mâs i n’est djamâs trop tot pou penre
l’apèro. — Èt deûx ricards, deûx! | Le 4 septembre 2022. — Et alors, Tampir, ça va,
aujourd’hui? — Oui, Germaine, mais on va encore
avoir quelque chose à célébrer en grandes pompes! — Aïe... Et quel sujet va-t-on
encore se prendre une cuite? — Maintenant, c’est certain : Frego va revenir en Gaume. Il va s’installer
à Saint-Mard. — Ben, on devrait dire... — A Viton, c’est comme cela qu’on
dit, mais à la Villette, on a toujours dit «Saint-Mâd.» Lisez donc les ouvrages de Jean Girardin, et vous le verrez bien! — On ne les trouve quasi plus. — Vous irez à la foire du livre à
Étalle le 8 octobre, il y en aura, avec les CD, en plus! — On ira ensemble, vous me guiderez
si je suis trop bête pour le trouver. — Vous pouvez aussi les lire sur le
site frego-et-folio, si vous voulez. — La moitié des pages ne sont plus
accessibles pour le moment. Il paraît que le garçon n’est pas encore prêt. — Quel garçon? — Ben celui chez qui le site se
trouve, là, vous savez bien, hein! — Vous voulez parler du serveur...
Il est en train de mette tout à jour, mais il faudra encore une petite semaine
pour arriver au bout. — C’est parce que Frego déménage
qu’il doit changer de serveur, comme vous dites? — Non, Germaine. C’est parce que
Proximus se débarrasse de tous les sites de ses clients. Il renvoie ça à une «filiale», en disant que ça ira tout seul. Oui, mon c... aussi! Ça lui a déjà coûté 700 euros, à Frego, et maintenant, il va payer pour
le nom de domaine de son site et aussi pour l’hébergement. De ce fait, Proximus
fait encore d’une pierre deux coups : il se défait du boulot, et il encaisse
pour ce qui était gratuit avant pour les clients. — On se fait toujours plumer, quoi! — Vous l’avez dit. — Et l’histoire du soleil qui ne
peut plus luire sur la Gaume, c’est arrangé? — Nenni, la commission de la
Communauté française a un pouvoir absolu, et peut raconter n’importe quelle
baliverne pour aider les copains éjecter les autres. On verra bien ce que la
ministre va dire de cela. En attendant, Frego a claqué les portes, et il a envoyé
le comité de labellisation des communes à la gare. — Il a bien fait. Il est sûr, de
cette manière, de ne pas se retrouver avec les sbires du vieux Feller qui ne
connaissent rien au gaumais et qui imposent une dictature infernale. — Dites, Germaine, c’est encore un
peu tôt pour la fête du retour en Gaume, mais il n’est jamais trop tôt pour
prendre l’apéro. — Et deux ricards, deux! |
El 28 d'août 2022. — Germaine, djè sûs binâje dè
v’voir anû! — Bondjou, Tampir. Dè quoi ç’què
v’ez dujette? — Djè m’â boqué l’dos après in piquet
d’cloteure, èt dj’â in blu coumme eune assiette! — Èt vès voûrins qu’dj’alliche
èrpeinde èl blu en rôse, bin sûr? — V’ez bon dè v’foute dè mi, noume don! — Oh, non, don, djè n’â djamâs eû
eune pareille idée! — Dj’â
n’crîme què dj’fâs
l’mèlandge mi-mîme, aveu d’
l’huîle essentielle èt n’pommâde
à l’arnica. — Tchaquin s’n’idée, Jules, vès
fayez ç’què v’vèlez, ça n’mè r’wâte mi. — Dj’essaie
dè v’dère què
dj’voûrous bin qu’vès m’frottinches el
dos aveu ç’prèparâtion-là, Germaine. — Si v’ez atu capâbe dè voir el
blu, vès doûrins ête capâbe dè frotter d’sus ètou! — Ah bin celle-là, elle est bounne! — Bin quoi, ç’ n’est m’ vrâ? — Germaine,
dj’â mins ène glace
dèvant mi èt pa ç’glace-là,
dj’â vû m’dos das la grande glace dè la
salle dè
bain. Vès n’atez m’ tout d’mîme en train
dè m’dère què dj’ n’â
qu’à mette la
crîme su l’cârrau dè d’vant pou
qu’ça m’fäyiche don bin pa dri, bin sûr? — Ah,
ça, djè n’â djamâs essayi...
Mâ djè crois tout d’mîme qu’à
part anich’rer la glace, ça n’fârout rin
d’bon! — Ouf, v’atez in paû moins loûgne
què dj’n’â eû peûr. — Èt vès croyez qu’c’est a m’dijant
des misîres què v’arez mes faveûrs? — Vos faveûrs?
Bin... Eûh... Qu’est-ç’ què
v’vèlez dère aveu ça, ma p’tite
Germaine
adorâye? — V’atez co en train d’sondgi à des
pouchelleries! — Bon djeu, Germaine, ç’què v’allez
sondgi toulà? Djè v’dèmande djusse dè m’frictionner l’dos aveu ma crîme conte les blus! — Bin vès poûrrins mè l’dèmander
sas m’dèhutchi coumme vès v’nez dè l’fâre! — Nez-a, Germaine, djè vas vès
l’dèmander aveu n’pètite boutchette. — Bin là... Aveu vote tchique dè
toubac què v’arriv’rez co à m’fourrer atère les dats, bin sûr! — Floup! Là, elle est voûye, ma p’tite bèlette à cârreaux. — Toûnez-v’, vî doryphore à p’tits
poiches, èt rèl’vez vote liquette! — Bon, dj’â comprins, v’îmez co
mieux qu’djè m’tâjiche! — Baillez-m’ d’aboûrd vote tûbe dè
pommâde! — Cè n’est m’ in tûbe, c’est
l’pètit pot qu’est su la taûle. — Sârrez les dats, djè n’fâs pont d’caresses,
mi, djè frotte! — Aaaaaahhhhh! C’est d’la torture, ça! À m’sècours, elle va m’atch’ver! — Djè v’signale què djè n’ v’â m’
co toutchi! — Mâs vès savez à c’t’he&u |