© Jean-Luc Geoffroy
Écrivain régionaliste... Il en est pour qui ce
terme comporte une connotation quelque peu péjorative. Et
pourtant, que de charme dans cette œuvre qui, à travers des
détails apparemment anodins, voire futiles, poursuit la
vérité profonde d’un terroir et d’une époque. Du particulier
au général, de l’anecdotique à l’humain, il n’y a parfois
que la différence d’un regard et d’une expression. L’œuvre
littéraire de Jean Mergeai, c’est ce regard, tendre et
lucide, nostalgique et léger. C’est cette expression
immédiate, claire, reflet souvent fidèle d’un parler gaumais
simple et si riche à la fois. L’œuvre littéraire de Jean
Mergeai, c’est un besoin d’arrêter le temps, de transcrire
l’éphémère, le banal, mais un banal si subjectif, un banal
aujourd’hui si lointain qu’il en devient irremplaçable.
Commencée par des ouvrages assez brefs, nouvelles, récits ou
courts romans, cette œuvre se continue maintenant par la
série romanesque Le schiste et la marne dont le troisième
volume vient de paraître (réédition chez Racine). La manière
a évolué, la perspective s’est élargie, mais la matière est
restée la même. Comme l’étaient ses nouvelles, les derniers
romans de Jean Mergeai sont l’œuvre d’un homme honnête,
fidèle à lui-même, à ses racines, à ses souvenirs et à ses
affections. C’est là ce qui fait leur mérite, leur valeur et
leur succès.
Jean Mergeai a fait ses humanités
gréco-latines au Collège Saint-Joseph de Virton, puis à
l’Athénée Royal d’Arlon. Il est licencié en droit de
l’Université libre de Bruxelles, et a suivi une formation en
criminologie. Il a été successivement surveillant aux
Athénées de Jodoigne et d’Etterbeek; Substitut du Procureur
du Roi au Congo belge de 1957 à 1960. Substitut puis Juge au
Tribunal de Première Instance à Arlon, il est depuis 1983
Président des Tribunaux de Commerce d’Arlon et de
Neufchâteau. Marié à Liliane De Vos, il a trois fils.
Une vie sans histoire donc, de magistrat
et de père de famille. Mais aussi une curiosité
intellectuelle toujours en éveil, de nombreuses
correspondances littéraires avec des écrivains français et
belges célèbres, et une attention constante portée à la
littérature et aux écrivains luxembourgeois.
Membre de l’Académie luxembourgeoise
depuis 1968, Jean Mergeai en a été le Président de 1977 à
1982. L’Académie Royale de Langue et de Littérature
françaises lui a attribué à deux reprises le prix Georges
Garnir. Lui ont aussi été décernés le 2e prix des Compagnons
d’Athéna et le prix Adrien de Prémorel.
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