Page 10 - Odeur des risons
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Jean Girardin est poète. Sans doute, lui aussi évoque le passé.
                Mais  les  faits  ne  le  satisfont  pas  ;  ils  ne  sont  pas,  pour  lui,  des
            documents. Il les interroge et ne nous en parle que s’ils ont éveillé sa
            sensibilité volontiers douloureuse.
                Bien plus, l’auteur de ce recueil va plus loin que l’usage courant qui est
            fait du parler gaumais. Poète, il modèle la langue, l’enrichit d’images, lui
            impose rythme, marie les mots. Est-il, dans sa dure nudité, chose plus
            parfaite que ce Mau fini, digne, à mes yeux, d’un Valéry?
                La langue est facteur d’unité. Nos voisins flamands l’ont compris.
                Pour que la Gaume vive, il faut qu’elle pratique sa langue; qu’elle se
            trouve des poètes, des conteurs, des écrivains de théâtre. Il y en a, il en faut
            davantage. Souhaitons que les Jean Girardin soient nombreux, et de cette
            qualité.

                                                         Georges JACQUEMIN
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