Page 421 - Georges Themelin
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Marmelade
Il n’y a pas de si laid pot qui ne trouve son couvercle – même une personne laide trouvera
toujours quelqu’un pour l’épouser) : i gn’è pont d’ si lâd pot qui n’è m’ ès coûchî.
Le mariage est indissoluble : el mariadge c’est in nawe qu’on fât aveu la langue èt qu’on
n’sait dènawer aveu ses dats (un nœud fait avec la langue qu’on ne peut dénouer avec ses
dents.)
Le mariage c’est un tombereau de misères tiré par deux grosses bêtes : el mariadge c’est in
bârrau d’misîres tèré pa deûx grosses bîtes.
Se mettre en ménage : s’mette à mînadge, aller à s’mînadge (aller à son ménage.)
Mariage demande ménage (il n’est pas bon que le jeune couple habite avec les parents) :
mariadge dèmande mènadge.
Son conjoint lui convient bien : i-l è bin tchû (il est bien tombé), i sant bin racontrés (ils
se sont bien rencontrés), i-l è tchû l’cul das l’beûrre (il est tombé le cul dans le beurre), i-l
è mins l’pid das in bî solé (il a mis le pied dans un beau soulier.)
Il a fait mauvais choix : i-l è mau tchû (il est mal tombé), i s’è arossi.
Ce n’est pas toujours lui qui commande : i n’est m’ mâte tous les djous (il n’est pas maître
tous les jours.)
Le mariage c’est une loterie : el mariadge c’est ène lot’rie.
On trouve toujours à redire aux femmes comme aux vieilles choses : aux femmes coumme
aux viéries on trouve toudjous à r’dère.
Le ménage ne va plus (ou aussi, ils vivent en concubinage) : i sant mariés d’la mî gautche
(ils sont mariés de la main gauche), i sant mariés au champète (ils sont mariés par le garde-
champêtre), i fayant in paûve mènadge (ils font un pauvre ménage), i n’sè roîtant pus (ils
ne se regardent plus), i fayant lit à pârt (ils font lit à part.)
Après le mariage, il y a encore le problème de logement : on est pus vite marié qu’bin
lodgi (on est plus vite marié que bien logé.)
Dans un mariage qui va mal, les enfants sont à problèmes : mariadge dè la mî gaûtche,
afants gaûtches.
Une femme a beaucoup d’influence sur son mari : c’est les feummes qui fayant les
hoummes (ce sont les femmes qui font les hommes.)
Il faut dresser sa femme dès le début du mariage : les feummes, faut les mette aû pas el
premî djou.
Quand un cadet se marie avant son aîné : on fène les r’gains avant les fons! (on fane les
regains avant les foins.)
La cadette s’est mariée avant son aînée : elle lî è fât poûrter les hautons (elle lui a fait
porter un petit sac contenant de la balle d’avoine sur la tête – d’après une vieille coutume.)
Je ne le vois pas bien marié : djè nè l’vois m’ bin mariés.
Un enfant c’est le premier (pour l’importance) meuble : l’afant, c’est l’premî meube.
Il y aura vite des enfants : i-s arant vite don renfoûrt (ils auront vite du renfort) ou d’
l’âdance (ils auront vite du renfort ou des aidants.)
Il ne se mariera jamais : vès n’l’arez djamâs d’vant l’queuré (vous ne l’aurez jamais devant
le curé.)
Enfant d’un premier mariage : in afant d’in premî lit.
À quelqu’un qui se plaint pour une difficulté : t’a voirais bin des aûtes quand tè s’rais
marié (tu en verras bien d’autres quand tu seras marié.)
Marie ta fille loin et loue tes champs tout près : marie ta fèye lon èt loue tes tchanps tout
près (l’éloignement avec le gendre est bénéfique pour l’entente et la proximité avec le
locataire permet la surveillance.)
Mariner : mariner.
Marinade : ène marinâde.
Marionnette : ène mariounnette.
Marmaille : la marmaille, la nicâye (nichée), tous les gosses.
Marmelade : dè la marmèlâde.
Marmelade faite de fruits séchés pour faire une tarte : el brouha.
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