Page 536 - Georges Themelin
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Prévoir


                    homme prévoyant : in houmme d’affut, in houmme qui è l’nez fin, in nodâ (qui sent l’air
                    du temps.)
                    Comme on pouvait le prévoir : coumme d’effet, ç’atout binâji à croire, djè l’arous bin
                    dit, djè l’avous bin sondgi, cè n’est m’ sans cause (ce n’est pas sans cause), c’est co la
                    raffe (parce que habituel.)
                    J’ai bien prévu, j’ai fait le bon choix : dj’â bin tchiqué.
                    Soyez bien prévoyant (prenez bien vos mesures) : pernez bin vos m’seures.
                    C’était prévisible : ç’atout binâji à sondgi (c’était facile à penser), ça lî padout au nez (ça
                    lui  pendait  au  nez),  djè  l’avous  bin  dit,  i  follout  bin  sè  l’sondgi  (il  fallait  bien  se
                    l’imaginer), ça douvout arriver (ça devait arriver.)
                    Je prévois que ça va tomber : djè vois l’côp qu’ça va tchûre (je vois le coup que ça va
                    tomber.)
                    Ça arrive toujours quand on n’y pense pas : c’est toudjous quand on n’y sondge mi qu’ça
                    arrive.
                    J’ai écouté les prévisions du temps : dj’â ècouté l’taps.
                    D’après mes prévisions, il faudra bien un mois pour que ce soit terminé : à m-n’idée, i
                    faûrait bin in mois pou qu’ ç’atiche fât.
                    Les parents prévoient plus que les enfants : les parats voyant pus lon qu’ les afants (les
                    parents voient plus loin…)
                    Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué : i n’faut m’ compter su l’u qu’est
                    das l’cul d’la pouille (ne pas compter sur l’œuf qui est dans le cul de la poule – non encore
                    pondu), si t’comptes su les solés d’un moût tè poûrrous n’aller su tes tchaûssettes (si tu
                    comptes sur les souliers d’un mort, tu pourrais marcher sur tes chaussettes -ne pas trop compter
                    sur un héritage possible), i n’sè faut m’ vanter d’ène belle djournâye aussi longtaps qu’elle
                    n’est m’ hoûte (ne pas se vanter d’une belle journée avant qu’elle ne soit passée.)
                    Il faut assurer ses arrières : ne lâcher une branche que pour se raccrocher à une autre : èn
                    lautchez ène queuche què pou z-a ragritchi ène aûte.
                    On ne saurait dire de quoi on pourrait avoir besoin : on n’sait d’quoi ç’qu’on peut avoir
                    besoin ou dujette.
                    Un bon  chasseur ne lâche pas  ses deux  coups  ensemble (savoir se garder une marge de
                    manœuvre) : in bon tchessou n’lautche mi ses deûx côps assène.
                    l faut prévoir des besoins futurs : mîme si dj’n’a-n â m’ besoin, dj’îme bin d’avoir âque
                    dèvant mi (même si je n’ai pas besoin, j’aime bien avoir quelque chose –une réserve- devant
                    moi.)
                    Prenez tout ce dont vous pourriez avoir besoin : pernez ç’qu’i faût pou si en cas.
                    Il faudra tout prévoir : i faûrait roîti coumme i faût à tout ça.
                    On ne met pas tous ses œufs dans le même panier : on n’mette mi tous ses us das l’mîme
                    pani.
                    l n’est pas prévoyant, il ne voit pas plus loin que le bout de son nez : i n’voit m’ pus lon
                    què l’tchu dè s’nez.
                    Il fait comme les chiens : il crie avant le coup de bâton : i fât coumme les tchins : i crie
                    avant l’côp d’bâton.
                    Il faut prendre ses précautions avant qu’il ne soit trop tard : c’est trop târd dè sârrer les
                    fesses quand on è tchi das la culotte ou quand on è vessi (il est trop tard de serrer les
                    fesses quand on a chié dans le pantalon ou quand on a vessé), i-l est trop tard dè mette la
                    baûre quand on v’è volé vote pouchî (trop tard de mettre la barre de fermeture de la porte
                    quand on a déjà volé le cochon), i-l est trop târd dè r’froumer la cadge quand l’djone
                    s’est avolé (il est trop tard de fermer la cage quand l’oiseau s’est envolé.)
                    Il n’a pas été prévoyant : i-l è tué la pouille pou avoir l’u (il a tué la poule pour avoir l’œuf.)
                    Je n’y trouve pas ce que j’avais prévu : i gn’è deûx coqs das les pouillettes (il y a deux
                    coqs dans les poulettes.)
                    C’est en prévision : c’est pou si en cas (c’est pour si en cas.)



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